La préservation du patrimoine culturel national en matière d’artisanat constitue une des priorités du ministère du Tourisme et de l’artisanat qui suggère d’aider les artisans afin de leur permettre d’affronter l’augmentation des prix de la matière première et le manque d’espaces d’exposition et de commercialisation de leurs produits.
En marge de la 18e édition du Salon international de l’artisanat, le ministère du Tourisme et de l’artisanat a organisé une tournée au profit de vingt journalistes pour se rapprocher davantage des artisans dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Jijel et Constantine et s’enquérir des réalités et perspectives de ce secteur.
Première étape de la tournée, Tizi-Ouzou et, plus précisément la maison de l’artisanat, située au centre-ville. Elle compte 52 artisans qui ont réussi à se tailler une place dans cet espace commercial qualifié par son directeur, M. Belkheir, de « première destination touristique de la wilaya ».
« Cette maison représente l’unique espace où se vendent les divers produits artisanaux de manière règlementée », a indiqué M. Belkheir qui précise que « les artisans déplorent le manque d’espaces réservés à l’exposition-vente, citant « le nombre important de demandes pour l’acquisition d’un local à ce niveau ».
Pour sa part, l’inspecteur principal de l’artisanat, Habi Hacene, a affirmé que « près de 10.000 artisans » sont recensés à Tizi-Ouzou, outre les artisans qui activent dans le domaine sans détenir la carte d’artisan.
C’est pour cette raison que les espaces réservés à l’exposition-vente restent « insuffisants » chose qui a dicté « la conclusion de conventions avec des bureaux de poste et hôtels de la wilaya portant sur la consécration d’un espace à leur niveau à la présentation des différents produits ».
Il a souligné à ce propos, que les artisans de la wilaya « s’impatientent » quant à l’ouverture de la maison de l’artisanat de la nouvelle ville où les travaux de réalisation ont dépassé les 80%.
La maison en question devra compter, en plus des locaux pour l’exposition-vente des produits, des ateliers de formation pour jeunes visant à perpétuer ces métiers qui constituent un patrimoine culturel d’une part, et un facteur indispensable à l’impulsion du processus de développement local d’autre part, poursuit le responsable.
Mohand, artisan bijoutier, s’est, quant à lui, longuement attardé sur l’augmentation des prix des matières premières notamment le corail et l’argent ce qui constitue, à ses yeux et pour beaucoup d’autres du domaine, une « entrave sérieuse » qui les poussera fatalement à abandonner ce métier hérité de leurs aïeux.
Il a appelé à cet effet, les autorités à « appuyer même de façon infime, les artisans, pour leur faciliter l’acquisition des matières de base ».
Le directeur de la chambre de l’artisanat, Bekri Abdelkarim, a déclaré, lui, qu’une action était en cours visant à regrouper les artisans dans des « coopératives » pour rendre aisée l’opération d’achat et de transport de la matière première.
La dernière étape dans la wilaya de Tizi-Ouzou a mené les journalistes à Beni Yeni, cette région devenue célèbre pour ses bijoux en argent et où les artisans rencontrent, eux aussi, les mêmes problèmes qui se posent avec acuité dans les autres wilayas.
Mohamed Said, artisan bijoutier depuis 25 ans, a précisé que les artisans rencontraient les mêmes problèmes qu’ailleurs mais, a-t-il noté, cela n’entamera ni sa volonté ni sa patience, deux valeurs acquises au gré des longues heures qu’il met pour façonner une parure.
Création d’espaces de vente, revendication des artisans à Jijel et Constantine
La deuxième station de la tournée conduira les journalistes à Jijel, wilaya connue pour son cachet touristique et rural ainsi que son industrie artisanale. Tout cela sous-tendu par la richesse qu’elle recèle pour ce qui est de la matière première comme le bois, l’argile et le liège.
Au regard de cette richesse naturelle, le nombre des artisans ne cesse de s’accroitre pour atteindre les 6.493 sans compter ceux activant sans être préalablement portés sur le registre de la chambre de l’artisanat, selon le directeur de tourisme et de l’artisanat, Nourredine Marsoum.
A l’instar d’autres wilayas, les artisans de Jijel font face aux prix excessifs des matières premières et au manque d’espaces exposition-vente, ont martelé des artisans interrogés par l’APS à la maison de l’artisanat située au centre-ville de la wilaya.
En vue d’aplanir ces obstacles, les services locaux du secteur du tourisme de la wilaya s’emploient à la création de maisons de l’artisanat en attendant la réception d’une deuxième dont le siège sera à El Mila connue pour son industrie du cuir.
D’autre part, M. Marsoum a appelé les acteurs au niveau local et central à « concentrer l’effort sur la dimension économique de l’activité artisanale, insistant sur le rôle de l’artisan qui demeure « un élément pivot dans la création de la richesse et le développement local ».
« La wilaya compte un nombre important d’artisans qui ont pu affirmer leur présence au plan économique », a-t-il ajouté avant de citer l’exemple de l’artisan Belhadji Boukhmis qui a créé une entreprise de production d’habits traditionnels algériens et qui « emploie actuellement plus de 200 jeunes filles et prend en charge la formation de plus de 50 artisans par an ».
En sus du textile, la wilaya de Jijel est notoire pour sa maroquinerie et où l’on dénombre des dizaines d’artisans dans les région de Sidi Abdelaziz et l’entreprise publique de tannerie aidant en produisant 9 millions de pieds carrés de peaux par an.
Le cap est mis sur la troisième et dernière étape en l’occurrence la ville des ponts suspendus et capitale de la culture arabe prochainement, Constantine. Elle compte 11.000 artisans activant pour leur majorité, dans l’habit traditionnel et la sculpture sur cuivre, a souligné le directeur du tourisme et de l’artisanat Lebbad Hacene.
La plupart des artisans sculpteurs, a-t-il encore dit, exercent ce métier sur leur lieu de résidence d’où le problème d’exiguïté qui vient se greffer à la cherté de la matière de base à savoir le cuivre.
Constantine devra réceptionner une maison de l’artisanat qui s’étend sur une superficie de 1000 m2 et un musée de l’artisanat au niveau de l’ancienne ville et dont les travaux prendront fin en 2014, a annoncé M. Lebbad.
Dans un souci de préserver le patrimoine culturel artisanal, la chambre de l’artisanat et des métiers s’attelle former les jeunes dans les domaines de la couture et l’art culinaire à raison de 50 personnes tous les neuf mois.
Organisée de mercredi dernier à ce jour sous le slogan « Authenticité et créativité », la 18e édition du Salon international de l’artisanat a vu la participation de près de 400 artisans dont 75 étrangers représentant 39 pays dont la Tunisie, la Syrie, l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie et autres.