Arrivés à Istanbul 9 jours après le meurtre de Khashoggi: L’empreinte des effaceurs saoudiens

Arrivés à Istanbul 9 jours après le meurtre de Khashoggi: L’empreinte des effaceurs saoudiens
Missing Saudi journalist Jamal Khashoggis

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Il s’agit, raconte le journal Sabah, de onze personnes, dont un chimiste et un expert en toxicologie, débarqués à Istanbul le 11 octobre, soit neuf jours après la disparition de l’éditorialiste. Sabah dit détenir cette révélation grâce à «des sources de confiance».

La Turquie revient jour après jour sur l’affaire Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné par une équipe d’agents du renseignement saoudien mandatée par «les plus hauts niveaux du gouvernement wahhabite», a affirmé le président Recep Tayyip Erdogan, avec des révélations en cascade. Hier, les enquêteurs turcs dévoilaient dans des journaux comme Sabah, la source la plus référenciée en la matière, que d’autres agents ont été envoyés à Istanbul par l’Arabie saoudite pour «effacer» les preuves du meurtre de Jamal Khashoggi, tué dans le consulat saoudien d’Istanbul le 2 octobre..

Il s’agit, raconte Sabah, de 11 personnes, dont un chimiste et un expert en toxicologie, débarqués à Istanbul le 11 octobre, soit neuf jours après la disparition de l’éditorialiste. Le journal mentionne détenir cette révélation grâce à «des sources de confiance». On sait désormais que Jamal Khashoggi a bien été tué dans le consulat saoudien, peut-être en présence du consul dont les protestations ont été vertement réprimées et que son corps a été démembré puis dissous dans de l’acide, ce qui explique l’impossibilité de le retrouver, exception faite de la tête qui aurait pu être emportée par le légiste chargé de la sale besogne du démembrement. Celui-ci avait quitté l’aéroport d’Istanbul, lourdement chargé, sans passer par la fouille grâce à un passeport diplomatique.

Autre affirmation du journal turc, les 11 Saoudiens parmi lesquels se trouvaient un chimiste et un expert en toxicologie se sont rendus au consulat pendant tout une semaine et leur mission était sans aucun doute d’ «effacer toute trace du meurtre dans la résidence du consul», non loin du siège consulaire. Sabah rapporte en outre que les deux «spécialistes» étaient membres de l’équipe présentée par Riyadh comme «une équipe d’investigation», à la faveur de l’arrivée en Turquie d’une délégation saoudienne le 12 octobre dernier pour des «entretiens» autour de l’affaire Khashoggi.

Enfin, le journal souligne que l’accès au consulat et à la résidence n’a été autorisé pour les enquêteurs turcs qu’après que le chimiste et l’expert en toxicologie se furent «débarrassés» du corps et eurent entrepris d’effacer toute trace. La fouille judiciaire a donc eu lieu dans la nuit du 15 au 16 octobre pour le consulat et le 17 pour la résidence, sans qu’il soit possible de relever la moindre trace. D’où l’hypothèse lancée dernièrement, selon laquelle les parties démembrées du corps du journaliste du Washington Post auraient été plongées dans de l’acide.

On ne peut être que perplexe face à ces révélations qui ne font qu’illustrer la dimension complexe et dramatique de l’affaire. Comment, en effet, ces 11 agents ont-ils pu débarquer et agir aussi facilement, 10 jours après le meurtre de Jamal Khashoggi et au moment même où les premières révélations sur les conditions horribles dans lesquelles il a été assassiné? On s’interroge également sur le rôle et les rapports des enquêteurs dont il est difficile de croire qu’ils puissent avoir relâché leur surveillance vigilante du consulat saoudien ainsi que de la résidence, alors que le monde entier avait les yeux braqués sur Istanbul et attendait de savoir où le corps avait été enterré!

Enfin, la question reste entière de savoir dans quelles conditions ils ont pu quitter tranquillement la Turquie, alors que la ville d’Istanbul devait être et est encore, sans doute, sous haute surveillance. Bref, on n’en est plus à un mystère prêt.

C. B.