Le 25 avril 2001, le Général à la retraite Khaled Nezzar, animant une conférence à Paris autour de son livre « Echec d’une régression programmée », s’est vu interpellé par les familles de disparus l’accusant de tortures et de « disparitions forcées » alors qu’il était ministre de la Défense.
II – Le premier épisode de Paris
Le 25 avril 2001, alors qu’il animait une conférence débat autour de son livre Echec d’une régression programmée (Ed. Publisud, 2001), intitulé pour l’édition algérienne Mémoires du Général Khaled Nezzar, des familles de disparus organisées en collectif, en collaboration avec la Ligue des droits de l’homme activant en France, avait déjà lancé un appel pour la tenue d’une « veillée silencieuse » devant le centre culturel en question au moment même du déroulement de ladite conférence. Cette action est soutenue par Amnesty International, la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’Homme), l’Association vérité et Justice pour l’Algérie, France Libertés, l’actrice Isabelle Adjani et d’autres associations. L’association Vérité et Justice pour l’Algérie rappelle, dans un communiqué rendu public le 24 avril 2001 : « Nommé général en 1984, puis commandant des forces terrestres en 1986, il a dirigé l’effroyable répression des émeutes d’octobre 1988; sous sa direction, des unités des forces spéciales de l’armée ont tiré sur les jeunes manifestants faisant plus de 600 morts, des milliers de personnes ont été arrêtées et torturées. »
De son côté, le collectif des familles de disparus demande d’élucider les milliers de cas de « disparitions forcées ». Mot d’ordre du collectif : « Pour la Vérité sur les milliers de disparitions en Algérie ». Une lettre ouverte a été adressée séance tenante à Khaled Nezzar: « Nous sommes des milliers en quête incessante sur le sort de nos proches enlevés par des éléments de service de sécurité. »
Le collectif, tout en relevant le silence des autorités, avance, dans cette lettre ouverte, le nombre de 7200 cas attribuant 4325 aux services de sécurité et considère que ces « enlèvements » sont politiques puisque le collectif écrit : « Ces disparitions sont produites suite à l’arrêt du processus électoral en 1992 ». Et d’ajouter : « La temporisation politique que les autorités pratiquent jusqu’à présent ne sera pas au rendez-vous tant que ces pages sombres de notre histoire ne seront pas déchiffrées, à l’instar des familles au Chili qui continuent leur combat, plus de deux décennies après les faits, nous n’abdiquerons jamais ». D’emblée, la plainte déposée par ces familles prend ainsi une dimension politique puisque le collectif décide de faire front avec le groupe de Habib Souaïdia, Yous Nasserellah, Corrine Pignolet, responsable régionale d’Amnesty international et Lahouari Addi, professeur à l’IEP de Lyon. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire contre l’ancien ministre de la Défense (1990-1993) et confirme sa compétence au motif que les victimes: une famille algérienne dont le fils est mort et deux anciens détenus algériens résident en France et que, au moment des faits, Nezzar accusé de « torture » se trouvait sur le territoire français.
R.M.