L’arrêt de diffusion n’émane pas de l’Arav
La chaîne a rendu public un communiqué où il est fait état de l’absence de toute pression de la part de quelque autorité que ce soit, dans la décision de mettre fin à l’émission en question.
La suspension de la diffusion de l’émission «Week-end» de la chaîne de télévision privée El Djazaïria n’est pas un acte de censure, au regard de l’attitude des dirigeants de la chaîne. Certes, l’arrêt de diffusion est intervenu après l’entrevue accordée par le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) aux responsables de la chaîne, mais cette décision n’émane pas de l’ Arav.
Pareille mesure est, bien entendu, assujettie à une procédure et constitue la dernière alternative après l’épuisement de tous les recours. Ce n’est pas le cas de figure concernant cette émission qui a fait l’objet d’une simple notification verbale assortie d’un avertissement quant à l’impératif du respect du cahier des charges contenu dans la loi sur l’audiovisuel en rapport avec ce genre d’émissions par l’équipe qui a réalisé ladite émission.
La remarque faite à El Djazaïria devrait être comprise comme une volonté de l’Arav d’éviter des débordements dommageables à la chaîne de télévision elle-même et à l’éthique journalistique qui interdit de divulguer des informations non vérifiées ou de verser dans l’offense et la diffamation. En d’autres termes, le «tête-à-tête» qui devait confirmer les rapports cordiaux entre l’Arav et les acteurs du paysage audiovisuel national entrait dans le cadre «naturel» de ce que doivent être les relations entre cette instance et les chaînes de télévisions privées.
Les responsables d’El Djazaïria qui ont été mis au courant de la position des pouvoirs publics ont pris sur eux d’arrêter la diffusion de «Week-end». La chaîne a rendu public un communiqué où il est fait état de l’absence de toute pression de la part de quelque autorité que ce soit, dans la décision de mettre fin à l’émission en question. C’est donc une décision interne prise en toute bonne conscience. Les propriétaires d’El Djazaïria affirment dans leur communiqué avoir suspendu cette émission qui reviendra après le Ramadhan avec un nouvel habillage.
Il semble donc que les deux parties, Arav et El Djazarïa, soient sur la même longueur d’onde. Il n’y a pas de conflit entre la chaîne et l’Autorité de régulation. De fait, tout le bruit fait autour de cette émission relève de la spéculation politicienne. Il n’y a pas d’autres explications.
Cet épisode, qui, faut-il le souligner, a fait écho à l’Assemblée populaire nationale où des élus y ont fait référence, renseigne sur la sensibilité du secteur de l’audiovisuel et la facilité avec laquelle on peut «monter» toute une affaire de rien du tout. Cela dit, ce n’est pas l’avis de certains activistes qui estiment le communiqué d’El Djazaïria nul et non avenu et insistent sur leur propre définition de la liberté d’expression. Les réactions qui foisonnent sur les réseaux sociaux font table rase de la responsabilité des propriétaires des chaînes de télévision et des animateurs dans la diffusion de la rumeur et crient à la censure, malgré le communiqué d’El Djazaïria. Ils évacuent tous les acteurs entrant dans la fabrication de l’opinion et mettent face-à-face le pouvoir et deux ou trois animateurs. Tous les autres responsables sont «oubliés». L’équation devient autant simple que dangereuse. N’importe qui peut dire n’importe quoi sur une chaîne de télévision. Il lui suffit de crier à la censure pour être élevé en héros, même s’il n’y a pas eu censure.