A Alger hier dimanche 4, Arnaud Montebourg, ministre français du Redressement productif, a parlé de « pacte » économique entre la France et l’Algérie, et joué la carte de la proximité affective pour préparer la visite de François Hollande, attendu en décembre.
Il a été question dès le début de « sentiments très forts ». Arnaud Montebourg, venu à Alger hier pour la journée, a rappelé « la nouvelle ère » que la France souhaite ouvrir avec l’Algérie « sur un même pied d’égalité » et qui devrait se concrétiser par un partenariat d’exception lors de la visite de François Hollande le mois prochain. « Nos problèmes se ressemblent », a-t-il expliqué en soulignant la dépendance des deux pays aux hydrocarbures ou encore la nécessité de répondre à une jeunesse qui « aspire à un avenir, qui a besoin de savoir où elle va. »
Nos problèmes se ressemblent par melanimes
Le ministre a aussi insisté sur la nécessité pour la France et l’Algérie de « s’unir » et de « se donner la main » face à la concurrence asiatique. « Tous deux malmenés dans la mondialisation de ces dix dernières années avec l’apparition d’une nouvelle dominance asiatique. Le Maghreb, comme l’Europe, sont les perdants de cette mondialisation déloyale. » La stratégie ? Une « alliance industrielle », un « pacte de coproduction ». « Car les centaines de milliers d’emplois que nous avons perdus de part et d’autre de la Méditerranée sont des emplois à reconquérir, a-t-il ajouté. Beaucoup d’entreprises françaises ont compris le désir de développement d’industrialisation de l’Algérie, nous imaginons, nous travaillons à faire surgir une sorte de pacte de coproduction où ce que nous pourrions construire en France, en Algérie : des emplois créés en Algérie, sauvés au Maghreb. »
Avec 5,75 milliards d’euros d’exportations en 2011 (+ 9% par rapport à 2010), la France est le premier fournisseur de l’Algérie avec +15,12% de part de marché, une présence française de plus de 450 entreprises représentant 35 000 emplois directs.
Un pacte de coproduction par melanimes
La téléphonie mobile, la modernisation postale et l’investissement dans la fibre optique : de nouveaux chantiers ont été évoqués dans ces secteurs en plus de ceux déjà avancés. « Le projet Renault avance très bien, a-t-il assuré par ailleurs. Nous sommes parfaitement confiants sur l’aboutissement de ces négociations. »
Un accord-cadre pour la réalisation d’une usine Renault en Algérie a été signé le 25 mai après quinze mois de négociations. Reste à mettre sur pieds une joint-venture entre le constructeur français et le partenaire algérien pour la production dans un premier temps de 75 000 voitures par an sur un site proche d’Oran.
Sur la question des investissements, Arnaud Montebourg a appelé à « des investissements croisés qui permettraient de développer nos stratégies industrielles mutuelles ». « En France, nous avons des problèmes de financement à cause de la crise bancaire européenne. Ici, il y a des excédents, pourquoi ne pourrions nous pas échanger nos complémentarités ? »
Les investissements directs français en Algérie en 2010 ont atteint 1,9 milliard d’euros, soit 10% du total des IDE étrangers en Algérie. Un chiffre en hausse (+26% comparé à 2010), supérieur aux investissements français en Tunisie (7% des IDE français au Maghreb) mais bien inférieur aux IDE français au Maroc, de 71%.
La conférence de presse fut aussi l’occasion de rappeler son histoire personnelle. « Nos deux pays ont une histoire tourmentée, j’en suis moi-même un exemple, un enfant de la France Algérie ». Une façon aussi de se démarquer de Gérard Longuet. « Nous construisons l’avenir, cela suppose que tout ce qui entretient la polémique sur le passé fasse l’objet de l’indifférence la plus notoire, a-t-il précisé. Je n’attacherai pas davantage d’importance à ce qui reste un acte individuel d’un homme qui prend ses propres responsabilités, pendant que nous prenons les nôtres, beaucoup plus importantes. »