Des menaces persistantes visent les Occidentaux
Le Niger n’a pas besoin d’une base militaire étrangère pour assurer sa sécurité.
La crise en Libye qui a chamboulé toutes les donnes en Afrique, à l’ombre de l’intervention militaire occidentale, a nourri les réseaux terroristes qui se sont renforcés en armement.
Le porte-parole du gouvernement nigérien, Marou Amadou, est revenu vendredi dernier sur cette question pour souligner qu’Al Qaîda au Maghreb islamique et les armes disséminées mettent le Sahel en danger. Il ajoute que les gens doivent voir les vrais problèmes dans cette crise libyenne: elle renforce Al Qaîda au Maghreb, elle renforce les trafiquants de drogue pour qui le Sahel, vaste territoire de six millions de km2, est un refuge. Le porte-parole du gouvernement nigérien tire la sonnette d’alarme et avertit: «Le pire, ce ne sont pas les quelques réfugiés libyens proches du dirigeant Mouamar El Gueddafi qui ont trouvé refuge au Niger, c’est la complication extrêmement grave que cette guerre induit sur la sécurité et la stabilité déjà fragiles.» Ces forces s’organisent, elles font ce qu’elles veulent et sont une menace pour les gouvernements et sont surtout une menace pour les capitales européennes, dit-il. Ces déclarations sont venues comme pour soutenir les propos exprimés une journée avant par le général Carter Ham, Haut commandant d’Africom, qui soutenait qu’Al Qaîda au Maghreb et ses alliés constituent une menace pour l’Afrique, notamment le Sahel et les Etats-Unis d’Amérique. Les deux d’ailleurs formulent les mêmes inquiétudes et il est utile de rappeler que les autorités militaires algérienness avaient averti sur les retombées négatives que peut engendrer la crise en Libye sur toute la région après l’intervention des forces de l’Otan restées sourdes aux multiples mises en garde. Le porte-parole du gouvernement nigérien dit que le Mali et le Niger ont besoin rapidement d’appuis en armements, en équipements et en renseignements: «Nous n’avons pas besoin d’une base militaire étrangère pour assurer notre sécurité. Nous avons besoin d’équipements militaires, de moyens aériens pour contrôler ce vaste désert.» déclare-t-il La prolifération des armes et le renforcement des réseaux terroristes et trafiquants de tout genre, ne constituent pas les seules conséquences, subies par la région. On rapporte également le sort déplorable réservé par les insurgés libyens aux migrants africains et aux touareg. Un fait vérifié, comme rapportent plusieurs journalistes, pouvant, «provoquer une cassure préjudiciable entre la nouvelle Libye et l’Afrique subsaharienne». Jusqu’au 27 septembre, fin du mandat d’intervention de l’Otan, la cinquantaine des katibate du CNT semblent décidées à pratiquer une épuration ethnique. Le coordinateur du Mouvement touareg pour la Libye, Ishaq Ag al-Husseini, avait lancé un SOS en direction de l’Algérie pour rouvrir ses frontières et venir en aide aux touareg qui sont victimes d’assassinats collectifs et de violences barbares. 600.000 Touareg libyens subissent un véritable pogrom. La presse rapporte que dans les campements de fortune, à la frontière égypto-tunisienne, dans les fermes et les bases militaires abandonnées à la périphérie de Tripoli, Bamako ou Niamey, où ils ont parfois réussi à rentrer, tous racontent la même histoire. On les accuse d’être des pro-Gueddafi. Pris au piège d’une guerre à laquelle ils n’ont pas participé, ils ont été arrêtés, battus, spoliés et parfois tués. La situation des communautés africaines s’est davantage compliquée depuis la prise de Tripoli.
Le harcèlement s’est intensifié, prenant pour cibles, dans une moindre mesure, les Libyens noirs (un tiers de la population, selon les estimations), et surtout les dizaines de milliers de Subsahariens qui travaillaient depuis des années en Libye, occupant bien souvent des emplois subalternes dans le bâtiment ou la restauration, ainsi que les très nombreux migrants refoulés aux portes de l’Europe. Soudanais, Éthiopiens, Tchadiens, Nigériens, Maliens, Sénégalais… Ils étaient 1,5 million aux premières heures du conflit. Soupçonnés d’être à la solde d’El Gueddafi, ils sont aussi arrêtés, battus, spoliés et tués. Que devient le pouvoir du CNT dans ce contexte? Il semble que l’organe politique des insurgés libyens n’a aucun poids, il n’est reconnu que par un seul des pays du champ direct des Etats situés à ses frontières, le Niger. La Mauritanie, le Mali et l’Algérie restent formels sur leur position. Mais ces quatre Etats confrontés déjà à une sérieuse menace terroriste ont pour souci de confirmer leur alliance dans la lutte antiterroriste.
La situation, confient des sources sécuritaires est très tendue. Pour ces mêmes sources, le CNT soutenu par l’Otan, la France et la Grande-Bretagne surtout, est appelé à disparaître.
Les informations en possession de nos sources font état d’une implosion au sein de ce conseil et la situation en Libye n’est pas près de se redresser, qualifiant la visite de Sarkozy, chef de l’Etat français et de Cameron, Premier ministre anglais, qui joue le second rôle dans la crise, d’une stratégie politique pour défier les Etats-Unis qui affichent plus de réserve, faisant de la lutte antiterroriste leur première préoccupation.