Les électeurs seront les dindons de la farce d’une énième élection dont l’enjeu était pourtant de première importance
La bataille pour le contrôle des assemblées populaires communales décrédibilise la pratique de la politique en Algérie qui se fait au détriment des préoccupations du citoyen.
Tous les coups sont permis pour occuper la présidence des APC. Certains partis politiques montent au créneau pour dénoncer cet état de fait. Les élus en prennent pour leur grade.
Leur incompétence et leur manque d »intégrité sont mis en exergue. «L’argent sale… sert à acheter les positions et les voix de certaines personnes politiquement analphabètes», a déclaré Mohamed Hedibi, le chargé de la communication du mouvement Ennahda pour expliquer l’origine des conflits et des sournoises tractations dont a accouchés le scrutin du 29 novembre. L’unique souci de ces personnes «dépourvues de conscience politique est de parvenir, par tous les moyens, à améliorer leur situation sociale» a ajouté M.Hedibi cité par l’APS.
Des propos d’une extrême gravité qui, encore une fois, révèlent que les électeurs seront les dindons de la farce d’une énième élection dont l’enjeu était pourtant de première importance. Il concernait au premier chef l’amélioration et la prise en charge des doléances quotidiennes des citoyens liées directement à leur cadre de vie qui n’a eu de cesse de se détériorer depuis des décennies. Ramassage des ordures ménagères, état des routes, transport scolaire, éclairage public, coupures de courant, d’eau potable, bureaucratie…: la galère peut continuer… La bataille pour le contrôle des Assemblées populaires communales donne un triste spectacle de la pratique de la politique. Elle se fait au détriment de l’intérêt du citoyen. A qui la faute? La principale cause de cette situation de blocage «est due à l’ambiguïté qui entoure l’article 80 de la nouvelle loi sur les élections, notamment dans le cas où aucune liste n’obtient la majorité absolue dans ces assemblées.», estime Djelloul Djoudi.
Une situation qui a accentué la déliquescence politique «par l’introduction de l’argent sale contre lequel le PT n’a cessé de mettre en garde pour préserver la noblesse de l’action politique», a souligné le numéro deux du Parti des travailleurs (PT).
Un constat que partage le chargé de la communication du parti Ahd 54.
La loi organique portant régime électoral, qui comporte «plusieurs vides juridiques» doit être revue, suggère Toufik Benallou. Qu’en pensent les deux partis qui sont arrivés en tête du scrutin du 29 novembre et qui se partageront probablement la part du lion? Le Rassemblement national démocratique (RND) qui talonne le Front de libération nationale son rival a enlevé 132 communes.
Les deux partis disposent d’une majorité relative dans 547 communes. 332 pour le FLN et 215 pour le RND. Une position confortable sur laquelle pourrait planer la suspicion avec ce type de tractations.
Le porte-parole du Rassemblement national démocratique qualifie de fait nouveau les comportements qui ont investi la scène politique.
«La scène politique n’a pas connu auparavant pareille situation», a précisé Miloud Chorfi qui a insisté sur la «nécessité de faire prévaloir la sagesse et de placer l’intérêt du citoyen au-dessus de tout autre considération».
Le Front de libération nationale fait, quant à lui, pratiquement dans la langue de bois. «La démocratie plurielle requiert des exigences auxquelles il convient de se conformer», a déclaré Kassa Aïssi, chargé de la communication au parti du Front de libération nationale qui a rappelé la proposition du FLN: attribuer la présidence de la commune au parti ayant obtenu la majorité des voix. Ce qui ferait bien l’affaire du parti de Abdelaziz Belkhadem…
