Ils étaient en effet près de 3 000 travailleurs à répondre, jeudi dernier, au rassemblement pour le renouvellement du syndicat d’entreprise UGTA et de toutes les sections des unités ArcelorMittal.
Très en verve, quoique les traits tirés, Kouadria Smaïn, le meneur de cette action, a appelé ses camarades à œuvrer pour l’anéantissement de « l’empire pseudo-syndical » qui s’est bâti au profit exclusif de Aïssa Menadi et d’un groupe de fidèles de ce dernier au sein du complexe sidérurgique d’El Hadjar.
Aïssa Menadi est, rappelons-le, l’ex-secrétaire général du syndicat UGTA d’entreprise de ArcelorMittal, qui a démissionné de cette fonction après avoir été élu député, tout en gardant un pied sur le site d’El Hadjar et un autre sur l’association sportive locale de première division, l’USM Annaba.
En parfait chauffeur de salle, Kouadria n’a pas mâché ses mots pour crier son désaveu du système que Menadi a instauré, système qu’il a qualifié d’affairiste et de conglomérat mafieux. « Finies la terreur et la hogra. C’est grâce à votre courage et votre abnégation que nous avons réussi, à la fois, à débarrasser notre outil de travail de la véritable gangrène qui en polluait l’atmosphère et surtout à vaincre l’empire de Aïssa Menadi, tissé et entretenu à notre détriment depuis des années autour d’une dangereuse secte », a notamment clamé Kouadria en direction d’une assistance quasiment en délire et arborant des banderoles hostiles au syndicat version Menadi.
Selon lui, la Centrale syndicale aurait signifié clairement à Aïssa Menadi une fin de non-recevoir à sa candidature aux élections de l’entreprise, du moins tant qu’il n’aura pas démissionné de son poste de député. L’orateur a enflammé l’assistance en invitant sur un ton de défi à démissionner de son poste de député et à se soumettre au verdict des travailleurs.
« Il est préférable pour lui qu’il reste encore quelque temps sous la protection de son immunité de parlementaire. Il y a, malgré tout, une justice dans notre pays et il tombera inévitablement, soyez assurés de cela », ironisera Kouadria.
À travers un virulent réquisitoire, il dénoncera en particulier un des fils de Aïssa Menadi, bénéficiaire, semble-t-il, d’un contrat complaisant de sous-traitance, et qui aurait bénéficié à ce titre de plusieurs marchés juteux, dont l’enveloppe financière aurait dépassé en l’espace de 3 années les 16 milliards de centimes. « Je détiens des preuves matérielles de ce que j’avance là et je suis convaincu que de nombreux individus faisant partie de la secte de Menadi iront en prison. Finis le beurre et l’argent du beurre !
Au stade actuel de notre action commune, nous avons obtenu que 15 véhicules de service, qui étaient en possession des membres du comité de participation, soient récupérés et ils devront être affectés incessamment aux unités de production pour les besoins des travailleurs », annoncera le porte-parole à l’adresse de son auditoire, en précisant que le chauffeur et le véhicule mis à la disposition de Aïssa Menadi ont réintégré le site.
évoquant la décision de gel de la convention de sponsoring par ArcelorMittal de l’USM Annaba, il reprendra à son compte les déclarations de la direction générale en assurant que l’entreprise est prête à venir en aide à l’équipe, mais dans un cadre légal, c’est-à-dire après la présentation des bilans moral et financier des trois dernières saisons.
Après cela, Kouadria reviendra à l’ordre du jour de ce meeting et félicitera au passage les deux émissaires dépêchés sur le site par la centrale UGTA pour entendre les parties en conflit. Les deux représentants de Sidi-Saïd auraient été impartiaux en prenant fidèlement note des réelles exigences des travailleurs et en constatant la situation explosive qui prévaut actuellement au niveau du complexe, affirmera-t-il.
Informant les travailleurs favorables au changement, il indiquera que conformément à leur demande et en accord avec la plus haute instance syndicale UGTA, l’union de wilaya de Annaba sera chargée dans les plus brefs délais de la supervision de l’opération de renouvellement des sections syndicales de base.
Les travailleurs devront être dès lors destinataires de fiches de vœux qui seront collectées au niveau de leurs unités respectives avant d’être remises à l’instance syndicale de wilaya, selon les propres dires de Kouadria. « Si, toutefois, d’ici le 6 juillet prochain, le syndicat d’entreprise n’aura, pour une raison ou pour une autre, pas pu être installé, j’ai été personnellement mandaté par la centrale pour mener dans la légalité les négociations portant sur les revendications socioprofessionnelles avec l’employeur. Un mandat qui nous donne prérogative même de faire valoir notre droit de grève, le cas échéant », conclura-t-il.