La renationalisation du complexe sidérurgique d’El- Hadjar ne devrait pas être pour demain, encore moins pour la fin de l’été, comme l’avait déclaré le ministre de l’Industrie, Chérif Rahmani devant la presse nationale.
Pour preuve, selon des syndicalistes de l’usine de sidérurgie d’El-Hadjar, le président du LCE (Long Carbon Europe), M. Poupart-Lafarge, a visité le complexe sidérurgique en catimini la semaine dernière, non pas pour faciliter la transition vers une recapitalisation du complexe au profit du gouvernement algérien mais juste pour signifier à l’endroit des travailleurs qu’une «paix sociale» est nécessaire pour la bonne marche de la multinationale sidérurgique.
M. Poupart-Lafarge, qui a été dépêché par le groupe d’ArcelorMittal basé au Luxembourg, a visité durant deux jours, les 17 et 18 de ce mois de juin, toutes les installations industrielles du complexe sidérurgique.
Il a eu deux rencontres, l’une avec le staff du directoire dirigé par Joe Kazadi, directeur général d’ArcelorMittal Annaba, et l’autre avec le syndicat d’entreprise dirigé par Tahar Chaouch Tahar. Selon des sources syndicales, Poupart-Lafarge n’a fait aucune déclaration concernant l’augmentation du capital de l’usine sidérurgique d’El-Hadjar en faveur du groupe Sider, détenteur de 30 % des capitaux sur les restants (70 %) détenus par ArcelorMittal Annaba.
Il a affirmé, à cette occasion, que bien que «le groupe subit les retombées de la crise économique mondiale et que les usines en Europe ont des surcapacités (…), l’Algérie présente un marché favorable avec une forte demande sans cesse croissante ».
Et d’ajouter, devant les syndicalistes : «Nous devons nous développer rapidement pour produire et vendre davantage car nous avons des clients qui nous attendent (…) Nous devons défendre notre travail.» Moult questions se posent.
Pourquoi Poupart-Lafarge, bien que sachant que des pourparlers ont été engagés entre le gouvernement et le groupe ArcelorMittal pour la renationalisation du complexe sidérurgique au profit du groupe Sider sur la base de la règle des 51/49 %, est-il venu en Algérie pour tenir un discours en toute discordance avec les négociations en cours ?
Ces négociations existent-elles ou est-ce juste un tape-à-l’oeil des pouvoirs publics pour montrer une bonne gouvernance du «politico-social» si cher aux Algériens ?
Et pourquoi ArcelorMittal Groupe n’avait fait aucun écho de ses négociations avec le gouvernement algérien pour d’éventuelles ventes de ses actions majoritaires dans le complexe sidérurgique ? Tout se passe comme si rien n’existait. Et, effectivement, rien n’existerait et tout serait contradictoire, de l’aveu même des plus hautes autorités du pays.
Le premier Ministre, Abdelmalek Sellal, n’a-t-il pas déclaré ouvertement, lors du dernier forum économique et social organisé par le Cnes, que «la règle des 51/49 % ne peut être révisée pour le moment», soulignant que «par contre, une révision de cette règle pour les petites et moyennes entreprises est à prévoir».
En outre, si une renationalisation du complexe sidérurgique est en passe de se faire, pourquoi le syndicat d’entreprise d’ArcelorMittal Annaba a-t-il décidé de déposer uniquement pour aujourd’hui un préavis de grève afin d’exiger la satisfaction d’une plateforme de revendications en 12 points.
Les revendications des syndicalistes portent, entre autres, sur le départ du DRH, Frédéric Bayle, l’augmentation des salaires de 30 %, le relèvement de la prime de panier à 600 DA, de l’IFSP à 30 % et de l’indemnité de salaire unique à 3 000 DA, ainsi que sur le recrutement, les nouvelles conditions de travail, les dossiers heures supplémentaires et cokerie, la réintégration des travailleurs suspendus dans le cadre de conflits syndicaux.
Nabil Chaoui