Même la nomination d’un nouveau patron à la tête de la direction générale d’El Hadjar, n’est pas parvenue à apaiser la colère des sidérurgistes.
Le départ du directeur général d’ArcelorMittal, n’a pas mis fin à la crise du complexe d’El Hadjar. Les travailleurs, maintiennent la revendication relative, entre autres, au départ du DRH, faute de quoi, la situation échapperait à tout contrôle.
La situation s’acheminant vers le pourrissement, le secrétaire général du syndicat d’entreprise, Daoud Kechichi, dans une communication téléphonique décline toute responsabilité quant aux proportions que pourrait prendre le conflit opposant les employés aux dirigeants du complexe. «J’ai assisté avant-hier, vendredi, à la réunion regroupant le conseil d’administration et le nouveau DG d’ArcelorMittal, Mukund Kulkarni, où j’ai été sollicité pour apaiser la vive tension de l’effectif sidérurgique», nous dira le représentant des travailleurs.
«Les employés revendiquent le départ du DRH et le respect du pacte de stabilité sociale, faute de quoi, le complexe sera paralysé dès aujourd’hui, dimanche», a-t-il ajouté. Rappelant dans le même sillage, que le complexe est depuis 10 jours à l’arrêt: «80% des activités des unités de production de l’usine sont à l’arrêt en raison des agissements et dépassements du chargé du département des ressources humaines», a expliqué le porte-parole des travailleurs d’ArcelorMittal.

«La situation de l’usine est vraiment chaotique, ni production ni vente de par l’arrêt des principales unités de production dans le complexe, ce qui a contraint la direction à recourir au prêt bancaire pour payer les travailleurs», a révélé Daoud Kechichi.
Tous ces problèmes auxquels s’ajoutent les revendications de base, ont fait l’objet d’un ultimatum lancé par les travailleurs eux-mêmes, à la direction générale, qui est restée assiégée et fermée toute la journée de jeudi dernier pour la prise en charge de toutes leurs doléances, sans distinction aucune. Ainsi, la nomination d’un nouveau directeur général à la tête du complexe, est loin de constituer un dénouement au conflit.
En effet, à chaque bras de fer opposant les employés aux dirigeants d’El Hadjar, la centrale au Luxembourg recourt aux nominations.
Vincent LeGouic avait été rappelé à la rescousse du complexe lors de la forte perturbation qui avait caractérisé l’usine en 2013. Mukund Kulkarni est le nouveau nommé dont la mission est de stabiliser le complexe. Ainsi annoncé par le conseil d’administration d’ArcelorMittal Algérie, il a été procédé, jeudi dernier, à l’installation de Mukund Kulkarni aux commandes du complexe d’El Hadjar en remplacement de Vincent Le Gouic.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre du plan général de redressement et d’extension de la capacité de production de la société appuyé par les pouvoirs publics à travers des mesures de soutien financier à l’investissement.
Les objectifs de cette nomination seraient sans aucun intérêt et n’aboutiraient pas du fait que la réhabilitation et la remise en marche des installations, dont la majorité sont arrivées en fin de campagne, ne sont pas à l’ordre du jour des priorités des grands patrons de l’acier.
C’est dire que le problème initial de la crise du complexe d’El Hadjar demeure celui du lancement du plan d’investissement global et la réhabilitation des installations des unités, poumons du complexe, qui occasionnent chaque jour des accidents mortels au sein des travailleurs.
Des situations qui expliquent la baisse de la production et les pertes financières. Pour se défaire de cette crise, le nouveau DG d’ArcelorMittal, Mukund Kulkarni, est appelé à trouver une nouvelle approche avec le partenaire social pour garantir la stabilité du complexe. Quant au choix porté sur la personne de M. Mukund, le groupe ArcelorMittal évoque l’«expertise professionnelle à travers différentes fonctions opérationnelles. «Le nouveau dirigeant du complexe sidérurgique occupait le poste de directeur général d’ArcelorMittal Zenica en Bosnie Herzégovine de 2009 à 2014, «usine similaire à celle d’El Hadjar dans laquelle il a réussi à mettre en place une stratégie de croissance ayant permis d’augmenter les ventes, d’élargir la part de marché».
Si le nouveau locataire de la direction générale est parvenu à faire de bonnes performances en matière de gestion des points d’acier dans le monde, parviendra-t-il à réaliser les mêmes performances en matière de dialogue avec les travailleurs qui, au moment où nous mettons sous presse, menacent de fermer le complexe et cesser toute activité, au cas où cette nouvelle direction s’alignerait du côté du chargé du département des ressources humaines.
Ce terrain vague des rapports entre les deux partenaires, préjuge-t-il d’un découragement de Kulkarni venu avec sa «bonne» volonté?