Arabie saoudite Les manœuvres « Tonnerre du Nord » à l’épreuve des défis régionaux

Arabie saoudite Les manœuvres « Tonnerre du Nord » à l’épreuve des défis régionaux

Présentée comme « l’une des plus importantes au monde par le nombre d’effectifs impliqués », la formidable armada de la coalition islamique se légitime par les « menaces croissantes » et l’instabilité régionale pour mener la guerre contre « les forces illégales et les groupes terroristes », selon l’agence de presse saoudienne SPA.

L’Arabie saoudite prend la tête de la coalition militaire islamique instituée, en décembre dernier, pour répondre aux exigences de la lutte contre « le terrorisme ». Elles fondent l’objectif majeur des manœuvres militaires, baptisées « Tonnerre du Nord », lancées à partir de samedi dernier pour une durée illimitée dans la base « Khaled city » à Hafr Al-Batin (nord de Riyad), à quelque 90 km de la frontière avec le Koweït. Outre les 6 pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Bahreïn et Qatar), la Jordanie, le Pakistan, la Malaisie, la Turquie, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, le Soudan, le Sénégal, le Tchad, les Maldives, les Comores et Djibouti participent aux exercices qui mobilisent 150.000 soldats, 300 avions et des centaines de chars et d’autres armes avancées, selon les responsables de la défense saoudiens. Présentée comme « l’une des plus importantes au monde par le nombre d’effectifs impliqués », la formidable armada de la coalition islamique se légitime par les « menaces croissantes » et l’instabilité régionale pour mener la guerre contre « les forces illégales et les groupes terroristes », selon l’agence de presse saoudienne SPA. Elle constitue un « signal fort » des engagés à « préserver la sécurité et la stabilité de la région face aux dérives chaotiques du « printemps arabe » et la montée en puissance du groupe terroriste Daech.

La riposte collective est essentiellement marquée par les retombées et les enjeux de la guerre destructrice en Syrie et la crise yéménite. Si, jusque-là, le développement de la situation en Syrie autorisant une trêve des espoirs de reprise des négociations a battu en brèche le projet d’intervention terrestre défendu bec et ongles par la Turquie et l’Arabie saoudite, le bourbier yéménite suscite le risque grandissant de l’enlisement. Plus d’une année après le début des frappes aériennes, l’autre coalition arabe (les 6 du CGC à l’exception d’Oman, de la Jordanie, de l’Egypte, du Maroc et du Soudan) sous commandement saoudien, n’a pas réussi à venir à bout de l’insurrection menée par les Houtis et les forces de l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Encore plus, les pertes civiles (2.500 sur les 6.000 victimes) dénoncées par les organisations humanitaires accusant Riyad d’utiliser des armes à sous-munitions fournies par les Etats-Unis ont fragilisé une coalition pointée du doigt par l’allié européen, alors que les bavures continuent.

Au moins 30 personnes, des civils et des rebelles chiites, ont ainsi péri, samedi dernier, lorsqu’un marché situé au nord-est de la capitale Sanaa a été bombardé. La situation des civils a constitué la goutte d’eau qui a fait dériver l’alliance avec l’Europe dont les eurodéputés ont tiré la sonnette d’alarme. « Les frappes aériennes de la coalition menée par l’Arabie saoudite et le blocus naval qu’elle a imposé au Yémen (…) ont conduit à des milliers de morts et ont déstabilisé davantage le Yémen », a martelé le Parlement européen expliquant son initiative adressée à la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini. A l’ONU, mettant en évidence les 119 violations du droit international humanitaire, les inquiétudes montent dans une impasse porteuse de graves dérapages.