Aqmi et ses tentacules: Abou Zeid, Belmokhtar et les autres…

Aqmi et ses tentacules: Abou Zeid, Belmokhtar et les autres…

Ce terroriste était l’un des fondateurs d’Aqmi. Sa mort probable pourrait avoir des conséquences importantes sur l’organisation terroriste, mais la guerre contre le terrorisme est loin d’être gagnée puisque plusieurs chefs d’Aqmi ont fait «sécession» ces derniers mois pour fonder leur propre entité, à l’image des «Signataires par le sang» de Belmokhtar qui avait gagné des points suite à la prise d’otages de In Amenas dans le Sud algérien.

Alors que la mort d’Abou Zeid n’est toujours pas confirmée par Paris, les spéculations vont bon train sur l’impact que pourrait avoir ce décès sur l’organisation terroriste.

Certains considèrent même que le rôle d’Abou Zeid dans l’organisation était tel que cela s’apparente à la mort d’Oussama ben Laden pour Al-Qaïda. Mais l’organisation d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ne repose pas sur un seul homme. Si elle peut être affaiblie par la perte d’un de ses chefs emblématiques, Aqmi se compose de plusieurs groupes, des cellules agissant de manière indépendante.

Aqmi regrouperait au total quelque 2 300 terroristes, selon les spécialistes. L’attaque de la coalition emmenée par l’armée française cette semaine a donc coupé l’une de ces branches, mais une branche seulement. Abou Zeid était certes une personne influente au sein d’Aqmi, mais ces derniers mois, son concurrent Mokhtar Belmokhtar avait gagné des points.

Le chef de la katiba, surnommé Malboro à cause de son rôle dans le narcotrafic dans la région, aurait piloté la prise d’otages du site gazier de Tiguentourine, en Algérie. Commanditaire de l’attaque, Mokhtar Belmokhtar, chef de la brigade terroriste «les Signataires par le sang» basé à Gao au Mali, était ressorti renforcé de l’attaque terroriste.

La mort de l’«émir» Abou Zeid ne va pas forcément affaiblir la branche Maghreb d’ Al-Qaïda comme la mort d’Oussama Ben Laden n’a pas affaibli la menace terroriste dans le monde. Cette nouvelle constituerait, si elle est avérée, une légère victoire morale pour la France et son armée, mais ne signifie pas pour autant la fragilisation du réseau terroriste au Sahel. Aqmi est une hydre à plusieurs têtes où il n’y a pas véritablement de commandement hiérarchique.

L’affaiblissement d’Aqmi provient tout autant de la perte d’au moins 600 combattants ces derniers mois, notamment dans les combats avec les troupes françaises. Et les renforts qu’attendaient ses dirigeants ne sont finalement pas arrivés. Mais si Aqmi est fragilisée, le groupe dispose toujours d’un arsenal important avec les stocks d’armes récupérés des troupes de Kaddafi en Libye.

L’«émir» algérien Abdelhamid Abou Zeid, l’un des principaux chefs de file d’Aqmi, aurait été tué le 23 février 2013, lors d’un raid aérien de l’armée française, dans la région d’In Sensa, dans le massif montagneux de Tigharghar, au nord du Mali. Sa mort n’a pas été confirmée officiellement par Paris.

«C’est à prendre au conditionnel, nous n’avons pas de confirmation officielle », a souligné ce vendredi 1er mars la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud- Belkacem, sur la chaîne France 2.

La prudence vaut d’autant plus que ce n’est pas la première fois que l’«émir» algérien est donné pour mort. Vendredi, Washington a affirmé que les informations étaient crédibles. Le président tchadien, lui, l’a confirmé, pendant que des médias algériens assuraient que des tests ADN sont en cours pour tenter de l’identifier.

QUI EST ABOU ZEID ?

De son vrai nom Mohamed Ghedir, l’Algérien Abou Zeid, 45 ans, est considéré comme l’un des chefs les plus radicaux des groupes terroristes du nord Mali, soupçonné notamment de la prise d’otages de nombreux occidentaux.

Petit et maigre, il est apparu pour la première fois en 2003 lors du spectaculaire enlèvement dans le Grand Sud algérien de 32 touristes européens par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ancêtre d’Aqmi.

Ancien trafiquant devenu islamiste radical dans les années 1990 en Algérie, il est notamment soupçonné d’être responsable de l’enlèvement au Niger du Britannique Edwin Dyer, exécuté en juin 2009, et en septembre 2010, toujours au Niger, de cinq Français, un Malgache et un Togolais sur un site d’uranium exploité par le groupe français Areva. Quatre de ces Français sont toujours aux mains d’Aqmi et pourraient être détenus dans la zone où Abou Zeid aurait été tué.

Il aurait également participé à l’enlèvement du Français Michel Germaneau, 78 ans, dont Aqmi avait annoncé l’exécution en juillet 2010. Pendant l’occupation du nord du Mali par les groupes islamistes, Abou Zeid a été vu à Tombouctou et à Gao.

L’HOMME RECHERCHÉ PAR ALGER

Sa véritable identité n’est d’ailleurs révélée pour la première fois qu’en janvier 2012 lors d’un procès à Alger. L’homme est originaire de la localité de Debdeb, à la frontière algérolibyenne.

Il était alors jugé par contumace en même temps que 11 accusés, détenus depuis 2010, dont 5 membres de sa famille, pour appartenance à un «groupe terroriste international», impliqué dans l’enlèvement de touristes étrangers en 2003. Abou Zeid avait été condamné à la perpétuité tandis que les membres de sa famille avaient écopé de 10 ans de prison chacun, pour constitution de groupe armé international.

Avant de devenir un chef d’Aqmi, Abou Zeid avait combattu dans les rangs du Groupe islamique armé (GIA) puis du GSPC, durant les années 1990. Abou Zeid est connu pour avoir été un grand contrebandier dans la région du Sahel. Un trafiquant d’armes, de drogue et d’hommes. Depuis 2003 et le premier enlèvement d’occidentaux dans le Sahel, Abou Zeid est soupçonné de vivre du «business» des enlèvements dans le Sahel.

M. A. M