Aqmi – Abou Zeid, l’homme qui défie la France

Aqmi – Abou Zeid, l’homme qui défie la France

Le parquet de Paris a ouvert mercredi soir une enquête préléminaire après l’enlèvement au Niger par al -Qaida au Maghreb islamique de cinq Français.

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué, mardi dans un message diffusé par la chaîne Al Jazira, l’enlèvement des cinq ressortissants français au Niger. Selon les autorités françaises, ceux-ci seraient en vie et probablement détenus dans le nord du Mali. Avec le spécialiste de veille stratégique Mathieu Guidère (*), décryptage d’une organisation terroriste qui a déclaré la guerre à la France.

La nébuleuse AQMI

Al-Qaida au Maghreb islamique est une nébuleuse terroriste agissant en Afrique (de l’Algérie à la Mauritanie et du Mali au Niger). Cette organisation a fait allégeance à Oussama Ben Laden en septembre 2006. Ses chefs politiques sont issus des rangs des Groupes islamiques armés (GIA) qui ont ensanglanté l’Algérie au début des années 1990 avant de s’enraciner plus encore dans une idéologie djihadiste (de la « guerre sainte »), sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ce mouvement avait pour vocation d’exporter le combat islamiste armé hors de l’Algérie, et notamment en France.

Un chef fanatique et sanguinaire

Dans sa revendication, AQMI attribue l’enlèvement des Français à Abdelhamid Abou Zeid. Cet Algérien est considéré comme un des chefs les plus fanatisés d’AQMI. Il a déjà tué des otages occidentaux : un ressortissant britannique et, en juillet dernier, le Français Michel Germaneau. Toutefois, si son groupe enlève une vingtaine d’Occidentaux par an, seuls deux ont jusqu’alors été exécutés.

La France, cible privilégiée

En s’en prenant à des salariés du groupe nucléaire Areva, AQMI vise délibérément les intérêts stratégiques de Paris. La France est devenue la cible principale des terroristes, qui veulent lui faire payer sa participation à la guerre en Afghanistan, mais surtout, en juillet dernier, une opération militaire franco-mauritanienne contre leurs intérêts au Mali. Faute d’avoir pu frapper sur le territoire national, AQMI s’est spécialisée dans le rapt d’Occidentaux sur son propre terrain.

Comment AQMI négocie

Dans un premier temps, les terroristes feront connaître à la France, ont-ils fait savoir, des « demandes légitimes (sic) ». En clair, il devrait s’agir d’une liste de combattants armés, emprisonnés en Afrique du Nord, dont AQMI exigera la libération, ce qui a peu de chance d’aboutir. La deuxième étape est celle du « prix du sang », soit une demande de rançon. L’Espagne aurait ainsi versé 4,7 millions d’euros pour la libération de deux de ses compatriotes, eux aussi enlevés par Zeid.

Une impasse militaire ?

Paris a dépêché sur place 80 militaires, dont des membres du commandement des opérations spéciales (COS, une unité d’élite). Des Mirage et des avions de reconnaissance survolent la zone. L’aide de drones américains aurait été demandée pour traquer les terroristes. Une libération par la force paraît improbable, car trop périlleuse pour la vie des otages. De plus, ceux-ci ont sans doute été dispersés.

(*) Derniers ouvrages parus : Les Nouveaux Terroristes (éd. Autrement), al-Qaida à la conquête du Maghreb (éd. du Rocher).