Depuis quelques semaines, il ne se passe quasiment plus un jour sans que la presse et les réseaux sociaux relayent des tentatives de kidnappings de jeunes enfants, garçons et filles, plongeant les populations dans l’émoi et la crainte.
Alors que le traumatisme provoqué par l’assassinat de deux jeunes enfants de Constantine, Brahim et Haroun, suivi peu après de l’assassinat de la petite Sanaâ à Sebdou (Tlemcen), étranglée par son beau-père, est encore vivace, voilà que plusieurs cas de tentatives d’enlèvement viennent de se produire ces trois derniers jours à Tlemcen et à Oran. Nous apprenons ainsi qu’un individu âgé de 23 ans, soupçonné de tentative d’enlèvement, mercredi, de deux écoliers, a été arrêté dimanche par les services de police de Tlemcen et placé sous mandat de dépôt.
La tentative avortée avait pour cadre l’école primaire de Hennaya, localité située à 10 km de Tlemcen. Les deux enfants, qui sortaient de cet établissement avec leur cartable à la main, faisant chemin commun pour se diriger chacun vers son domicile, ont été invités à suivre cet individu pour un motif quelconque.
Ils n’ont dû leur salut qu’à leurs cris qui ont obligé le kidnappeur à fuir. Grâce à l’appel à témoin lancé par la police, il a pu être confondu et arrêté. Par ailleurs, c’est à Oran que des cas de rapts d’enfants avortés ont été signalés en différents endroits. Si, pour l’heure, les faits précis n’ont pas été établis par les services de sécurité, la première alerte d’enlèvement a eu pour théâtre Messerghine à l’ouest d’Oran. C’est au cours de la matinée de dimanche dernier qu’une tentative d’enlèvement d’une collégienne perpétrée par des individus roulant à bord d’un véhicule de couleur blanche aurait eu lieu. La scène se serait passée vers 9 heures du matin.
Les cris de la jeune collégienne ont attiré l’attention de consommateurs attablés sur une terrasse de café situé non loin du lieu où la fille tentait d’échapper à ses ravisseurs.
Selon toute vraisemblance, ces derniers, qui ont été aussitôt pris en chasse par les citoyens, auraient pris la fuite vers une destination inconnue, nous a-t-on raconté. Ironie du sort, cette tentative d’enlèvement s’est déroulée au moment même où des centaines de personnes étaient rassemblées devant le siège de la cour de justice à Constantine. À Oran toujours, mais dans un quartier périphérique, El-Hassi, là aussi une tentative de kidnapping contre une écolière a été mise en échec dimanche matin. L’enfant s’est vu apostrophé par des individus se trouvant à bord d’une fourgonnette. Ses cris et sa résistance ont provoqué la fuite des individus. Les services de sécurité informés par les parents ont aussitôt effectué des ratissages pour tenter de retrouver le véhicule en question. Ces tentatives d’enlèvements, à vérifier au préalable, et qui doivent déboucher sur des enquêtes pour en déterminer les faits précis, provoquent une psychose générale dans tous les foyers. Il n’est plus question que de cela aux abords des établissements scolaires et dans les lieux publics. La communication officielle des autorités locales, qui optent généralement pour le silence, ne fait qu’accentuer la peur et la psychose. De plus en plus, les familles demandent la mise en place de mesures de sécurité avec un retour des agents de police aux abords des établissements scolaires ou dans les jardins publics.
Au-delà de l’émotion, de la crainte réelle autour de cette multiplication de tentatives de rapt, des universitaires souhaitent, pour leur part, qu’un vrai débat soit engagé sur le phénomène de la violence multiforme et l’absence de repères qui ont disloqué les liens dans la société algérienne.
A. B./K. R. Y./D. L.