La grève des étudiants de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger, entamée il y a quatre mois déjà, a connu son épilogue lundi, suite à une rencontre avec Azzedine Mihoubi, qui s’est engagé à “satisfaire” toutes les revendications des protestataires et leur longue plateforme qui touche aux volets pédagogique, logistique et social.
Le long mouvement de protestation entamé il y a quatre mois par les étudiants de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger (ESBA) et la grève de la faim entreprise depuis le 5 février par sept autres ont été finalement suspendus lundi après-midi, a-t-on appris dans un communiqué du ministère de la Culture.
Cet épilogue, grâce auquel les beauzaristes espèrent enfin mettre un trait sur tous les maux qui rongent leur école depuis plusieurs années, est survenu après une rencontre avec le ministre de la Culture (lundi), qui s’est engagé à “satisfaire” toutes les revendications des étudiants et leur application avec l’entame d’une réunion de la commission mixte, prévue aujourd’hui, et à laquelle prendra part le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Pour rappel, la situation de crise que vit l’ESBA dure, selon la porte-parole des étudiants gréviste, Meriem Zeggat, rencontrée au lendemain de la suspension de la grève, “depuis plus de trente ans”, et les problèmes liés aux volets pédagogique, social et logistique, figurant dans la plateforme de revendications présentée au ministère de la Culture, ont fini par entériner les conditions difficiles auxquelles sont confrontés quotidiennement les étudiants.
Concernant le volet logistique, notre interlocutrice précisera qu’il concerne “l’hébergement et la restauration, qui n’ont jamais été réellement satisfaits”. Le volet pédagogique pâtit, quant à lui, de plusieurs dysfonctionnements, selon la porte-parole, et concerne les programmes, les workshops et les sorties “qui ne sont pas bien organisés”. Le troisième point, le plus sensible peut-être tant il concerne le statut et l’avenir des étudiants et celui de l’école, est devenu le cheval de bataille des grévistes, qui reflète en réalité les conséquences du statu quo et de l’inaction des structures concernées. “Le ministère de l’Enseignement supérieur n’arrive pas à reconnaître l’enseignement fait aux Beaux-arts parce que c’est spécifique”, a déclaré notre interlocutrice.
Et d’ajouter : “Le fait que notre statut, celui de l’école et notre diplôme ne soient pas clairs, ainsi que l’entente entre le ministère de la Culture et celui de l’Enseignement supérieur, qui n’est pas claire non plus, ont fait que la postgraduation et la formation à long terme n’existent pas chez nous (…), on ne peut pas devenir enseignant par exemple après avoir terminé nos études, il faut dire aussi que notre diplôme est pauvre et qu’il n’y a pas beaucoup de débouchés.” Par ailleurs, la porte-parole a expliqué les raisons de la reprise des protestations cette année, après l’épisode “Infidj’art” en 2015, qui a abouti à des promesses non tenues : “Nous avons repris là où on s’était arrêté la dernière fois, avec des promesses. On nous avait promis des choses pour nous arrêter, mais cette année, nous étions prêts à aller très loin, en entamant même une grève de la faim.” Après plusieurs réunions et tentatives de communication, le ministre “a enfin réagi en urgence”, en rencontrant les protestataires : “On s’est entendu sur tous les termes hier (lundi, ndlr) avec le ministère”, a précisé notre interlocutrice.
Et de renchérir : “Il reste beaucoup de choses à discuter, raisons pour lesquelles nous nous réunirons jeudi et au cours de la semaine prochaine lors de réunions quotidiennes.” En dépit de cette situation qui se répète chaque année à l’ESBA, la porte-parole des étudiants garde espoir que le ministre s’engage avec des actions concrètes et une réelle envie d’améliorer leur situation. “D’habitude, même si les responsables veulent changer les choses, ils ne peuvent pas. Mais cette fois-ci, le ministre était sûr de lui, on aimerait bien voir la suite dans des actions concrètes. Qu’il s’y mette vraiment dans ce projet. Du moins, on a l’impression que c’est le cas. Mais si rien n’est fait, il est inévitable qu’on reprenne notre action”, a-t-elle ajouté.