Musclée et brutale a été la réaction de la police égyptienne contre les manifestants
Outre un jeune homme de 23 ans tué aux abords du palais présidentiel dans le quartier d’Héliopolis au Caire, 91 personnes ont été blessées dans les manifestations au Caire et dans d’autres villes du pays.
La police anti-émeutes était déployée en force hier aux abords du palais présidentiel au Caire après une nuit d’accrochages entre forces de l’ordre et manifestants qui se sont soldés par un mort et des dizaines de blessés. L’opposition, qui avait appelé aux manifestations de vendredi pour protester contre le président islamiste Mohamed Morsi accusé d’accaparer le pouvoir, se réunissait dans l’après-midi, hier, pour examiner sa stratégie après ces heurts survenus malgré l’engagement du pouvoir et des opposants à prévenir la violence. Outre un jeune homme de 23 ans tué aux abords du palais présidentiel dans le quartier d’Héliopolis au Caire, 91 personnes ont été blessées dans les manifestations au Caire et dans d’autres villes du pays, selon des sources médicales.
Une vidéo montrant un homme nu violemment battu par des policiers anti-émeutes, diffusée sur Internet par des chaînes de télévision, a provoqué des appels à la démission du ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim, qui a annoncé une enquête. Après les violences qui se sont prolongées dans la nuit devant le palais présidentiel attaqué par des cocktails molotov, des pierres et des feux d’artifice, le calme est revenu dans le secteur dont les principales avenues ont été rouvertes au trafic. Mais les rues adjacentes étaient jonchées de pierres lancées par les manifestants. D’importants effectifs de forces anti-émeutes étaient déployées aux abords de la présidence en cas de retour des manifestants.
Le mur d’enceinte du palais était recouvert de graffitis hostiles à M.Morsi: «Renverser le régime», «Liberté». Depuis le début de la nouvelle vague de violences en Egypte le 24 janvier, à la veille du 2e anniversaire de la révolte qui a renversé le président Hosni Moubarak, près de 60 personnes ont péri, dont plus de 40 dans les villes du Canal de Suez le week-end dernier, principalement à Port-Saïd. La présidence a assuré dans un communiqué que malgré l’escalade «l’Egypte s’approche de la réalisation de son évolution démocratique», avec des élections législatives prévues dans les tout prochains mois.
Le Front du salut national (FSN), la principale coalition de l’opposition, a annoncé qu’il se réunirait dans l’après-midi pour examiner la situation, alors que l’un de ses chefs, Mohamed El Baradei, a averti que «la violence et le chaos se poursuivront» si M.Morsi continuerait à marginaliser l’opposition.
Le FSN dénonce depuis des mois une mainmise de M.Morsi, premier président islamiste et civil d’Egypte élu en juin 2012, et des Frères musulmans dont il est issu sur le pouvoir, et prône une sortie de crise passant notamment par la formation d’un «gouvernement de salut national». Ce groupe a par ailleurs jugé «horribles et déshonorantes» les images vidéo «montrant des officiers de la sécurité et des policiers traînant et battant sauvagement un homme complètement nu autour du palais présidentiel» vendredi soir. Une telle affaire «ne peut pas être réglée par de simples excuses du porte-parole du ministère de l’Intérieur», a-t-il affirmé. Tout en évoquant des «actes de vandalisme et de violence» face auxquels la police a fait preuve de «retenue», la présidence a aussi fait état de possibles «violations des libertés civiles».
«La présidence ne tolèrera pas de tels abus», a-t-elle dit, notant dans un communiqué que «dans un incident, un individu a été vu alors qu’il était traîné et battu par la police, et le ministère de l’Intérieur a annoncé une enquête».
Fin 2011, l’image d’une manifestante voilée que l’armée traînait sur la chaussée près de la place Tahrir, mettant à découvert son soutien-gorge et son ventre, avait provoqué l’indignation à travers le pays et dans le monde.