Le secrétaire général du FLN semble être alerté par le mouvement de contestation qui le cible. Sa prochaine tournée n’est-elle pas une manière de contrecarrer ce mouvement?
Saâdani reprend son bâton de pèlerin. Le secrétaire général du FLN renoue le contact avec la base. Ce dernier a tracé un programme de sortie à travers les régions frontalières. «Ce week-end il se rendra dans le sud du pays, plus précisément à Adrar où il animera un grand meeting», nous a affirmé, Rachid Assas, membre du bureau politique. Contacté par nos soins, ce membre du BP chargé de l’adhésion a fait savoir que le secrétaire général prévoit également de tenir deux meetings à Tébessa et à Tlemcen.
«Vu les défis qui menacent le pays, le secrétaire général a choisi de commencer par les régions frontalières pour sensibiliser davantage les citoyens et les mobiliser», a soutenu M.Assas. Selon lui, le secrétaire général a donné des instructions aux mouhafedhs pour occuper le terrain. Saâdani semble être alerté par le mouvement de contestation qui le cible. Sa prochaine tournée n’est-elle pas une manière de contrecarrer ce mouvement? Il faut rappeler que le silence du chef de file sur le tweet de Manuel Valls a vivement irrité les militants et les cadres du parti. Ces derniers ont saisi cette occasion pour tirer à boulets rouges sur le secrétaire général. Ils se sont même adressé au président du parti pour lui faire part de leur indignation. «Nous, militants et cadres du FLN, nous ne comprenons pas le silence du secrétaire général sur l’attaque qui a ciblé votre personne alors qu’il prétend vous soutenir et en contrepartie il s’attaque à des partis qui partagent les mêmes convictions nationales», lit-on dans le communiqué adressé à la Présidence.
Les mécontents ont demandé au président d’écarter carrément Amar Saâdani. «Nous demandons à Votre Excellence Monsieur le président, président du parti de libérer le FLN de ces gens-là», revendiquent les militants et cadres du parti dans ledit communiqué signé par un grand nombre de militants et d’anciens responsables de différentes wilayas.
Cette action n’a pas laissé le secrétaire général indifférent. Pour sauver sa peau et assurer le soutien de la base, l’ancien président de l’APN a décidé d’investir le terrain pour empêcher une éventuelle fronde contre lui. Son bras de fer avec le ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, est un élément de taille qui confirme ce malaise. Ce conflit a sérieusement divisé le groupe parlementaire du FLN au sein de l’APN. Les fidèles et les opposants de Saâdani se livrent une bataille par presse interposée dans les couloirs de l’Assemblée populaire nationale. Pour assurer sa mainmise sur les responsables des structures et garantir le soutien de la base, Saâdani a multiplié ses réunions avec les états-majors du parti, ces derniers jours.
Samedi dernier, il a convoqué les mouhafedhs à une réunion de travail en leur demandant de ramener leurs cachets. En quête de soutien, Saâdani préfère aller directement à la rencontre des militants. Le chef de file du parti veut frapper d’une pierre deux coups. A cet effet, le patron du parti se lance déjà dans une pré-campagne. A une année des élections législatives, le parti majoritaire se redéploie sur le terrain en mobilisant la base militante au niveau de toutes les structures. Le secrétaire général a donné des instructions pour aller à la chasse des électeurs.
Voulant à tout prix conserver sa place de première force, l’ex-parti unique table sur les adhésions massives et entend porter le nombre de militants à un million d’ici quelques mois. Ce défi n’est pas pour rien.
Sachant que la nouvelle Constitution consacre le principe que le Premier ministre soit issu de la majorité, la direction du parti fait des mains et des pieds pour décrocher ce poste tant espéré.