Après une courte éclipse, Les Subsahariens réinvestissent Oran

Après une courte éclipse, Les Subsahariens réinvestissent Oran

Après une courte disparition d’un nombre important de ces Africains, due aux dispositions prises localement pour les diriger soit vers des centres de transit soit vers la frontière sud, d’autres groupes ont réapparu, depuis quelques mois, investissant les alentours de M’dina J’dida ainsi que des quartiers de Yaghmoracene et de Médioni, où ils ont trouvé refuge.

Pour la petite histoire, quelque 170 migrants africains, dont 100 enfants, ont été reconduits, l’année dernière, vers la wilaya de Tamanrasset. Leur ramassage a été pris en charge par la DAS, en coordination avec les services de police, qui les a conduits en autocars vers la frontière sud. Mais ce n’était que partie remise puisque d’autres groupes sont venus les remplacer, presque au pied levé. Ces inhabituelles vagues d’immigration clandestine — il ne faut pas avoir peur des mots — ont atteint une telle ampleur qu’elles inquiètent, désormais, les Oranais. Principalement des femmes et des enfants en bas âge, les Subsahariens écument, durant la journée, les principales artères du centre-ville pour s’adonner à la mendicité, en exhibant des chapelets pour dire, sans doute, leur religion et provoquer, ainsi, la compassion des passants. D’autres ont carrément opté pour la paroisse Saint-Eugène d’Oran qui, selon le gardien, accueille de nombreux migrants en quête d’aide et d’assistance pour « aller en Europe ».

Ce phénomène qui est en train de prendre de l’ampleur interpelle la société oranaise et ses responsables qui doivent faire quelque chose pour juguler cette immigration clandestine qui n’est même plus rampante. En attendant, les citoyens font comme ils peuvent pour venir en aide — au moins sur le plan de la nourriture — aux mères qui, par cet hiver, vivent avec leurs enfants dans la rue. Car il ne faut pas se cacher la face, les risques sur les équilibres de la société oranaise sont nombreux et nous n’en citons que les escroqueries. Certains Africains se sont retrouvés embarqués dans des réseaux de malfaiteurs et les maladies qui font partie de leurs malheureux bagages.

Dernièrement, une Subsaharienne, qui avait été admise à l’hôpital d’Oran, a été découverte porteuse du virus du sida. Ce phénomène social, qui ne laisse pas indifférentes certaines associations, a provoqué chez elles un premier déclic puisqu’une journée de sensibilisation sur ce problème a été organisée, dernièrement, par les éducateurs pairs migrants, soutenus par Médecins du monde en présence de plusieurs associations, dont l’Association de protection contre le sida (APCS), une rencontre qui a permis un contact direct entre les femmes migrantes et les associations d’Oran dans un objectif d’échange de points de vue sur la situation des communautés migrantes et la société civile algérienne. Selon le président de l’Association de lutte contre le sida, le Pr Tadjeddine, « la communauté migrante est une réalité dans notre société, qu’il faut prendre en charge sans aucune discrimination. Aussi, est-il important de sensibiliser la société et les autorités locales sur les problèmes de ces populations et sur leur santé puisqu’ils vivent désormais avec nous ». Selon des sources sécuritaires, ces Subsahariens, dont certains seraient des réfugiés, ont pénétré en territoire algérien par les frontières sud, en passant par Tamanrasset, puis Ghardaïa, pour enfin atterrir à Oran qu’ils considèrent comme un passage obligé pour rejoindre l’Europe. S’il est indéniable qu’il faudra mesurer tous les aspects de cette arrivée massive et prendre les décisions qui s’imposent, il reste aussi qu’il faut traiter les choses presque au cas par cas parce qu’il existe parmi ces migrants des femmes malheureuses qui ont fui les situations dangereuses qui ont cours dans leurs pays.

Amar Abbas