Après un yoyo qui a duré 40 ans, Dinar : la descente aux enfers

Après un yoyo qui a duré 40 ans, Dinar : la descente aux enfers
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Personne au début de l’indépendance, pas même les fous à lier, ne pouvait imaginer un seul instant, que les salaires en Algérie atteindraient un jour des sommes monumentales, faramineuses.

Qu’un ministre, un député ou un P-DG d’entreprise gagne aujourd’hui et même dépasse les 30 millions de centimes par mois cela ne choque plus personne et les plus petits salaires dépassent généralement le million de centimes à quelques exceptions près. Lorsque notre dinar en 1966 viendra remplacer le franc français il ne perdra pas de sa parité. A cette époque les plus gros émoluments oscillaient entre 2 000 et 3 000 DA.



A titre d’exemple celui d’un journaliste avec deux années d’expérience pouvait aller jusqu’à 1 000 DA, celui d’un chef de division dans une préfecture jusqu’à 1 200 DA. Mais diriez-vous que peut-on faire avec 1 200 DA ? Beaucoup de choses contrairement à ce que vous croyez, comme nous allons le voir. Contentons-nous dans un premier temps des dépenses domestiques et prenons pour exemple un couple avec deux enfants. La note de l’EGA, aujourd’hui Sonelgaz dépassait rarement les 50 DA, celle de l’eau n’excédait jamais les 25 DA. Un réfrigérateur de grande marque était commercialisé entre 800 et 900DA. Une chambre à coucher pour nouveau couple était proposée à 1 500 DA. Une voiture neuve, comme une R4 par exemple était facturée chez le concessionnaire entre 7 000 et 8 000 DA toutes taxes comprises. Quant aux loyers ils étaient carrément bradés. D’abord parce que l’Etat au lendemain du départ massif de un million et demi de pieds-noirs s’est retrouvé à la tête d’un parc immobilier qu’il ne pouvait même pas recenser et ensuite parce que les demandes de logements étaient tout de suite satisfaites. C’est vrai aussi que nous étions à peine 8 millions d’habitants à peupler ce pays en 1962. Résultat, les cours des loyers locatifs étaient à la portée de n’importe quelle famille algérienne. A titre de référence un niveau de villa de trois pièces, cuisine, terrasse et véranda dans un quartier chic d’une grande ville était loué à 120 DA par mois.

Même si l’Algérie est restée arrimée à la zone franc, ce qui explique la bonne santé financière de sa monnaie, il ne faut surtout pas perdre de vue que le tissu agricole est resté tel quel et que les travailleurs du secteur n’ont pas abandonné leurs postes. Pendant les premières années de l’istiqlal les produits de la terre étaient non seulement abondants mais on pouvait faire son marché quotidien et remplir son couffin avec 50 ou 60 DA. Et pour cause : Le kilo de pomme de terre était cédé entre 2 et 3 DA et les viandes rouges étaient stabilisées à 15 DA avec quelques petites variantes d’une ville à une autre. Bref le dinar pesait de tout son poids.

I.Z