Le Conseil national syrien, principale force de l’opposition, a appelé jeudi 7 juin à une intensification des attaques militaires contre le président Bachar Al-Assad, après un nouveau massacre, d’au moins soixante-dix-huit personnes, près de Hama. Le Conseil, qui appelle rarement à l’action militaire directe, indique dans un communiqué que les rebelles opérant sous la bannière de l’Armée syrienne libre doivent « intensifier l’action sur le champ de bataille » pour desserrer la pression sur les civils « assiégés et sous les bombardements » dans les provinces de Hama, de Lattaquié et de Homs.
L’opposition syrienne dénonce un nouveau « massacre » dans la région de Hama
Le gouvernement syrien a démenti le même jour qu’un massacre ait eu lieu, accusant dans un communiqué à la télévision officielle « un groupe terroriste d’avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui a fait neuf victimes ».« Ce que quelques médias ont rapporté sur ce qui s’est passé à Al-Koubeir, dans la région de Hama, est complètement faux », poursuit le gouvernement dans ce communiqué. « Nous avons une centaine de morts dans le hameau d’Al-Koubeir (…), parmi eux une vingtaine de femmes et une vingtaine d’enfants », a déclaréMohammed Sermini, un porte-parole du CNS, qui a accusé les forces du régime et ses milices, les chabbiha, d’être derrière ce « massacre ».
L’armée syrienne a empêché une équipe d’observateurs onusiens d’entrer dans le village de Mazraat al Qoubir, près de Hama, au lendemain du massacre, ont rapporté des opposants. Sausan Ghoshef, porte-parole des observateurs, n’a fait aucun commentaire sur cette information. « Nous avons envoyé une équipe qui tente d’avoir accès à la zone », a-t-elle déclaré.
MOSCOU ET PÉKIN CONTRE UNE INTERVENTION
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a elle appelé, mercredi soir, à un transfert total du pouvoir en Syrie à un gouvernement de transition, a indiqué un haut responsable du département d’Etat américain.
L’organisation de Coopération de Shanghai (OCS), dans laquelle Chine et Russiejouent un rôle prédominant, s’est déclarée jeudi « contre toute intervention militaire au Moyen-Orient », dans un communiqué publié à l’issue de son sommet à Pékin.« Les Etats membres sont opposés à toute intervention militaire, à l’imposition d’un changement de régime ou de sanctions unilatérales », a déclaré l’organisation qui regroupe la Chine, la Russie et quatre pays d’Asie centrale, avant de faireexplicitement référence à la Syrie.
SAUVER LE PLAN DE PAIX
Dans ce contexte de plus en plus violent, Kofi Annan, l’émissaire international pour la Syrie, doit présenter jeudi aux quinze membres du Conseil de sécurité des Nations unies un projet de création d’un « groupe de contact » réunissant les puissances mondiales et régionales – Russie, Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Arabie saoudite, Turquie, Qatar et Iran – pour tenter de sauverson plan de paix.
Avec ce groupe de contact, Kofi Annan espère débloquer l’impasse dans laquelle le Conseil de sécurité est plongé depuis le double veto successif de la Chine et de la Russie à l’adoption d’une résolution condamnant la répression des manifestations d’opposants orchestrée par le régime de Bachar Al-Assad.
L’ancien secrétaire général de l’ONU s’efforcera notamment d’obtenir le soutien de la Russie, qui n’a pour l’heure pas indiqué son intention de se désolidariser de Bachar Al-Assad, à l’idée d’une transition politique en Syrie. En déplacement à Pékin, le ministre des affaires étrangères russe a suggéré mercredi l’organisation d’une large réunion internationale sur la Syrie avec comme objectif de soutenir le plan de paix en six points de Kofi Annan.