Après un mois de grève et de protestation continu au niveau local, la section de wilaya de Tizi-Ouzou du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) passe la vitesse supérieure et porte la contestation devant les portes du département de Mohamed Mebarki.
Les enseignants de l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO) tiendront demain lundi un rassemblement devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour réclamer la prise en charge de leur plateforme de revendications. Une action qui intervient après épuisement de toutes les voies de dialogue au niveau local, mais aussi après que la direction nationale du syndicat ait tourné le dos au mouvement de sa section de Tizi-Ouzou.
Preuve en est, le silence assourdissant du coordinateur national, Abdelmalek Rahmani, malgré que la contestation s’apprête à boucler ce 11 mars son premier mois. C’est le même constat du côté du ministre de tutelle. Mohamed Mebarki, qui avait rencontré les représentants syndicaux la veille du premier jour de grève, soit le 10 février, n’a pas été convaincant et n’a présenté aucune garantie.
Les enseignants du Cnes de l’UMMTO dénoncent, pour rappel, « l’état catastrophique » des infrastructures de leur université, « le fonctionnement » de cette dernière et « la gestion de la carrière des enseignants ». Le syndicat réclame aussi la révision des conditions d’accès au logement, ainsi que le statut de l’enseignant et de l’enseignant-chercheur. D’ailleurs, le Cnes a adressé, en date du 26 février, une lettre au ministre Mohamed Mebarki, l’appelant à annuler la circulaire n°1598 datant du 30 décembre 2014, instituant de nouveaux critères d’éligibilité au logement. Dans le texte du document, il y est précisé qu’un enseignant propriétaire d’un terrain même bâti n’est pas éligible au logement de fonction. « Pourtant, monsieur le ministre, dans cette même circulaire, il y est rappelé un critère fondamental d’éligibilité, à savoir que ‘‘le logement de fonction est destiné aux enseignants non logés’’ », avait écrit le Cnes dans son courrier, estimant qu’il s’agissait d’une « précision en contradiction totale avec le critère initial».

UN STATUT SUR MESURE
Plus que ça, la déclaration sur l’honneur instituée dans le dossier « ne sert absolument à rien », explique le syndicat des enseignants, tout en rappelant au ministre que lors de l’entrevue avec ses représentants, le 10 février à Tizi-Ouzou, il avait affirmé en présence du recteur de l’UMMTO qu’« il ne voyait pas d’inconvénient à la suppression, localement, de la déclaration sur l’honneur ». Hélas, deux jours plus tard, le recteur refusera cette requête au motif de « l’absence d’une dérogation écrite de la part de la tutelle ». Raisons pour lesquelles le syndicat demande « l’annulation » de la circulaire et appelle le ministre à déclarer « nulles et non avenues toutes les conclusions » qui ont suivi son application.
Joint hier par nos soins, le coordinateur du Cnes-TO a dénoncé « le mutisme » du ministère de tutelle face aux cris des enseignants, et estimé que l’action du 9 mars devant le département de Mebarki se veut « nationale ». « Notre appel est destiné à l’ensemble des enseignants à travers les universités », précise Samy Ould Ouali. Avant d’ajouter : « Je pense que notre plateforme de revendications reflète les problèmes de l’Université algérienne en général. Qu’ils soient d’ordre pédagogique ou en relation avec la recherche et le fonctionnement. » Sur l’avant-projet portant statut particulier de l’enseignant et de l’enseignant-chercheur, qui se trouverait sur la table du Premier ministre, notre interlocuteur estime qu’il a été élaboré « sur mesure pour les membres de la direction nationale du Cnes ». « On apprend qu’il vise à instaurer trois paliers de doctorat et se placer dans la catégorie A. » Pour lui, le règlement des problèmes de l’Université algérienne réside dans « l’ouverture d’un large débat autour de la pédagogie, de la recherche, du fonctionnement, de la place de l’enseignant et du respect des libertés syndicales ».