Des écrans géants partout pour permettre aux supporters de l’EN de suivre les matchs
Il est connu de par le monde que le sport en général, et le football en particulier, est l’«antidote» idéal contre la crise sociale…
Le début de l’année 2015 a été très difficile pour les Algériens. Entre austérité annoncée, flambée des prix des produits alimentaires et protestation dans les quatre coins du pays, le front social est en véritable ébullition. Les mauvaises nouvelles tombent les unes après les autres. La rue grogne. Le gouvernement est dépassé, il n’arrive pas à désamorcer cette bombe à retardement!
Néanmoins, coup de chance pour lui, il pourrait être sauvé par le… sport. Les championnats du monde de handball et surtout la CAN 2015 peuvent être la lueur qui va éclaircir le ciel très «assombri» d’Alger! En effet, dès demain, tout ce charivari politique et social fera place au handball avec l’entrée en lice de notre Sept national. «Bof!», vous me direz que le hand n’a pas assez de popularité pour faire oublier leurs soucis aux Algériens. Mais comme le hasard fait bien les choses, le premier match des Verts sera un derby explosif contre le grand rival égyptien.
Quand on connaît la ferveur qui caractérise n’importe quelle petite rencontre entre les deux pays, même un match de jeux d’échecs dans la catégorie poussin est suivie avec attention, on n’a plus de doutes sur l’importance de la rencontre. Derrière chaque Algérie- Egypte, se cache un Omdurman potentiel… Ce vendredi donc, tous les regards seront braqués sur Doha où doit avoir lieu cette confrontation! Un bon résultat demain permettra aux champions d’Afrique en titre, qui ont remis au goût du jour la discipline en Algérie à la faveur de leur sacre continental l’année dernière à Alger, de créer une vague d’enthousiasme derrière eux. Toutefois, ce ne sera que l’ «apéro» avant l’opium. Car dès lundi, l’Equipe nationale de football fera son entrée en coupe d’Afrique des nations où elle part favori. Un premier match contre l’Afrique du Sud qui est impatiemment attendu par toute l’Algérie du football.
Les camarades du maestro Brahimi espèrent revenir sur le devant de la scène lors de ce tournoi continental, après avoir atteint les huitièmes de finale en Coupe du monde pour la première fois de leur histoire. Ils vont avec l’ambition de décrocher leur deuxième sacre africain après celui remporté 25 ans plutôt, en 1990 à Alger, et réaliser le rêve de 40 millions d’Algériens. Ainsi, dès le début de la semaine on ne parlera que de football. Les Fennecs feront la Une de tous les quotidiens nationaux, même ceux politisés jusqu’à la moelle. L’esprit des Algériens sera tourné vers Mongomo (ville de Guinée équatoriale où les Fennecs doivent disputer leurs matchs).
Les supporters préparent déjà de grands défilés pour fêter les victoires espérées, des hommes de Gourcuff. La fête sera à son comble surtout qu’ils auront la frustration de ne pas être présents pour encourager Slimani and Co dans leur conquête de l’Afrique à cause du désistement du Maroc, alors qu’ils se voyaient déjà défiler dans les rues du Royaume chérifien narguant leurs frères ennemis. Nos compatriotes envahiront les cafés ou tout simplement suivront les matchs devant leur petit écran. D’ailleurs, ils commencent à se préparer en cherchant les astuces pour pouvoir suivre la CAN à la télé, mais aussi en s’équipant de nouveaux téléviseurs ou à s’organiser dans les quartiers pour préparer des diffusions des matchs en plein air, tout cela afin de vibrer au rythme des Verts. Et le suivi des rencontres ne devrait pas poser, cette fois-ci, problème, puisque l’Entv a mis le paquet en achetant tous les matchs des Verts (12 matchs pour 12 millions d’euros, soit un million d’euros par match!).
Il y a aussi la diffusion sur Canal plus Sport qui est disponible gratuitement sur les démos qui décodent par Internet les chaînes câblées. Les fans de Hafid Derradji ont cassé leur tirelire pour acheter les démos beIN Sports et les cartes qui vont avec. Voilà donc de quoi régaler nos compatriotes dont le football reste l’opium…Ce n’est pas propre à l’Algérie, il est connu de par le monde que le sport en général, et le football en particulier, est l’ «antidote» idéal contre la crise sociale. Nos autorités ont l’habitude de «jongler» parfaitement avec ce jeu. En 2006, l’Etat algérien avait décidé de subventionner les cartes ART Sport, permettant aux Algériens de regarder la Coupe du monde de football 2006 en Allemagne. La décision avait été prise à l’initiative du Président Abdelaziz Bouteflika pour ne pas «priver les Algériens de cette grande manifestation sportive».
Les autorités avaient aussi subventionné les déplacements de supporters pour les Coupes du monde 2010 et 2014. Mais leur coup de maître a incontestablement été le pont aérien vers le Soudan, Omdurman où des milliers de supporters ont été déplacés en deux jours pour assister au match barrage contre l’Egypte. Après chacun de ces événements, la paix sociale a miraculeusement été sauvegardée! Cette fois-ci donc, ils ont décroché le gros lot avec deux compétions majeures en un seul mois. Le sport va-t-il calmer la rue? «Yes we CAN»…