Après trois semaines d’affichage anarchique: Qui va nettoyer les murs?

Après trois semaines d’affichage anarchique: Qui va nettoyer les murs?

Partout, l’opinion est la même. La pratique de l’affichage anarchique est condamnée par les citoyens.

Quelques heures seulement après l’élection qui les portera aux fauteuils du boulevard Zighout Youcef, les députés fraîchement élus sont rappelés à l’ordre par les citoyens. Sur la place publique comme dans les réseaux sociaux, des milliers de voix s’élèvent pour appeler ces derniers à revenir au moins un jour nettoyer les murs qu’ils ont salis. Dans la rue, hors des arcanes virtuels des réseaux sociaux, les discussions tournent encore autour de ce sujet.

Certaines personnes appellent les futurs députés à descendre dans la rue nettoyer les murs qu’ils ont défigurés par leurs affichages au mépris de la loi. A Tizi Ouzou, les jeunes se disaient ahuris par ce massacre causé essentiellement par les militants de partis qui passent leur temps à critiquer les autorités. «Je n’ai pas l’impression qu’ils vont faire quelque chose pour nous. La première chose qu’ils ont faite est de salir les murs», s’exclame un jeune habitant du quartier les Bâtiments bleus.

«Regardez un peu ce qu’ils ont fait. Nous avons passé des nuits et des nuits pour instaurer le tri sélectif. Ils ont défiguré tous les murs. Pour un début on peut dire que c’est plutôt prometteur», ajoute son ami, ironique. Après avoir quitté la ville encore enlaidie par les posters déchirés qui défigurent les murs et les façades, on se retrouve sur le littoral à Tigzirt. De ce côté-ci, les eaux de la Méditerranée ne sont pas parvenues à bout du phénomène. En fait, c’est quasiment général. La campagne a défiguré le paysage urbain. «La ville s’apprête juste à accueillir les estivants et ils sont venus salir tous les murs et les façades.

Les jeunes comme les gens âgés placardent leurs posters sur les murs au mépris de la bienséance et des lois de la République», se désole un vieil homme assis à la terrasse d’un café qui fait face à la mer. Un autre vieil homme rencontré sur la plage par cette journée ensoleillée se disait sidéré par ce comportement incivique. «Pourtant, ces gens vont légiférer sur les lois de la République algérienne. Les voir salir les murs avec ces affiches anarchiques me fait mal au coeur. Ils sont en train de piétiner les lois alors qu’ils vont légiférer à l’Assemblée. Je préfère pêcher quelques sardines et contempler la mer», dit-il.

Partout, l’opinion est la même. La pratique de l’affichage anarchique est condamnée par les citoyens. C’est même une raison suffisante de ne pas aller voter, pour beaucoup de personnes. «Voulez-vous que je vote pour des gens qui ne respectent ni la loi ni les gens. Salir une place publique, du temps de nos ancêtres, était passible d’excommunication. Il faut être naïf pour espérer du bien de quelqu’un qui fait ça», s’exclame un autre jeune à Draâ Ben Khedda. «J’ai toujours voulu aller voter, mais en voyant ces gens défigurer les murs, je décide à chaque fois de ne pas y aller. C’est la raison de mon abstention», assure un autre jeune de la même ville.

Beaucoup de citoyens approchés croient fermement que les députés vont commencer leur mandat en faisant payer la facture aux collectivités locales. Les gens à qui nous posons la question rient souvent avec ironie. C’est une caractéristique que nous retrouvons partout. Pour beaucoup, l’espoir n’est pas permis de ce côté. «Ils iront prendre un salaire mirobolant sans dépenser aucun sou. La preuve en est que c’est la mairie qui va nettoyer ce fouillis qu’ils ont laissé avec notre argent», dit un jeune vendeur de cigarettes au centre-ville. Enfin, notons que jusqu’à hier, les villes et les routes avaient encore «la gueule de bois». Après trois semaines de campagne durant laquelle la place publique a été maltraitée, le paysage se réveille sale.