À Mekla, l’inquiétude, qui pesait depuis mardi soir, a aussitôt laissé place à une joie effervescente.
Il était 8h30, hier matin, lorsque l’heureuse nouvelle attendue dans le stress, la tristesse et surtout l’inquiétude est venue redonner la joie à toute la population de Mekla et plus particulièrement aux habitants d’Aït Mansour Ouahmed, le village de Mokrane Belkessam enlevé par un groupe terroriste mardi dernier à 16h30. C’était grâce au formidable élan de mobilisation mis en branle depuis l’annonce de la triste nouvelle de son enlèvement que ce propriétaire d’une unité de concassage située en contrebas de son village a été libéré après trois longues journées de captivité. “C’est grâce à vous et à votre mobilisation que je suis revenu aujourd’hui parmi vous”, a d’ailleurs déclaré Mokrane Belkessam à son arrivée, à 10h40, au village où des centaines d’habitants l’attendaient dans une ambiance de fête. L’otage a été libéré par ses ravisseurs à 8h15 sur une piste agricole près du village Aït Mraou, dans la commune d’Aït Aggouacha, distante d’environ 5 kilomètres à l’est de la ville de Larbâa Nath Irathen. À peine relâché, cet homme d’une soixantaine d’années prend attache avec son frère aîné pour l’informer de sa libération. Son frère Omar avait, dans un premier temps, du mal à y croire, raconte-t-il. “J’ai cru à un piège des ravisseurs”, a-t-il expliqué. Mais le désormais ex-otage rappelle une seconde fois à l’aide de son téléphone potable et là Omar ira tout de suite le récupérer non sans avoir informé auparavant les habitants du village de l’heureux dénouement. Dans ce village situé à 7 kilomètres de la ville de Mekla, qui est elle-même située à 25 kilomètres à l’est de Tizi Ouzou, l’inquiétude qui pesait depuis mardi soir cède aussitôt la place à une joie effervescente. À 10h40, la victime, en compagnie de son frère Omar, fait son apparition au village où hommes et femmes l’accueillirent avec des tonnerres de youyous, de larmes et de salves d’honneur et de joie. Bien qu’éreinté par les trois jours de captivité, Dda Mokrane, comme aiment l’appeler les habitants de la région, prend la parole pour remercier chaleureusement la population pour sa formidable mobilisation grâce à laquelle sa libération a été rendue possible et effective. “Sans vous, je ne serais jamais libre”, dira-t-il, avant d’appeler à reproduire et à maintenir cet élan de solidarité à chaque fois que la situation l’exige. “Je suis très fatigué, je n’ai ni dormi ni mangé depuis mon enlèvement”, ajoutera-t-il avant de rentrer chez lui. Son frère Omar, qui continuait à accueillir, avec toute l’hospitalité connue aux habitants de la région, toutes ces nombreuses personnes qui affluaient vers la demeure des Belkessam, nous explique dans le détail comment il avait géré cette affaire depuis mardi soir. “Il a été enlevé mardi à 16h30 de la carrière située à moins d’un kilomètre en contrebas du village. une heure après, Mokrane a contacté le frère cadet, M’hamed, pour l’informer qu’il est enlevé, et un quart d’heure plus tard, c’étaient eux qui ont rappelé pour nous rassurer que l’otage est sain et sauf, qu’il est bien traité et qu’il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter mais sans toutefois rien demander”, raconte Omar, avant d’ajouter que le lendemain à 17h “ils nous ont encore contactés et là je leur ai demandé ce qu’ils voulaient exactement pour aller donc droit au but”. “Quand on aura besoin de vous, on vous contactera, n’éteignez pas votre téléphone”, répondit l’homme à l’autre bout du fil, ajoute encore Omar disant être convaincu que les ravisseurs sont des terroristes.
Depuis cet appel, aucun contact n’a été établi par les ravisseurs avec la famille de la victime, tient à souligner encore Omar laissant donc deviner qu’aucune rançon n’a été versée contre la libération de son frère. C’était donc, une fois de plus, la mobilisation citoyenne qui a fini par triompher devant ces islamistes armés qui ont eu déjà plusieurs fois auparavant à subir un tel échec devant la résistance citoyenne en Kabylie.
S L
