Après son extradition vers l’Algérie, Abdelmoumene Khelifa : et maintenant ?

Après son extradition vers l’Algérie, Abdelmoumene Khelifa : et maintenant ?
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Si la remise de l’ex-magnat aux mains des autorités algériennes met un terme à un long processus judiciaire, un autre se profile déjà à l’horizon sur fond d’interrogations politiques.

L’ex-Golden Boy algérien est enfin entre les mains de la justice algérienne. Extradé d’Angleterre où il était en cavale depuis dix ans, Abdelmoumene Khelifa, condamné à la prison à perpétuité par contumace, devrait avoir droit à un nouveau procès en juillet prochain, selon des sources sûres. Un délai jugé très correct par les juristes, sachant que dans ce genre de procès en appel, la procédure prend souvent entre une année ou deux.

Ce délai semble arranger tout le monde, puisque le procès devrait se dérouler après l’élection présidentielle prévue en avril prochain. Une façon d’éviter que le procès ne vienne s’inviter à la campagne électorale.

Mais le retour tonitruant de Khelifa, en ce moment précis, n’est pas sans poser des questions sur les retombées politiques de ce nouveau feuilleton.

Mis au frais, Abdelmoumene Khelifa ne devrait rien “déballer” avant l’élection présidentielle. Mais, sa seule présence sur le sol algérien a de quoi inquiéter pas mal de personnes, jadis unies dans le partage du gâteau, aujourd’hui divisées par des ambitions divergentes.

Plusieurs lectures peuvent être faites, à commencer par celle qui plaide pour une volonté d’affaiblissement du probable candidat Ali Benflis, sachant que ce dernier était chef de gouvernement au moment des faits et qu’il aurait des choses à se reprocher.

Mais, il ne faut pas croire que l’ancien chef de gouvernement soit le seul à être sous la menace du “typhon” Khelifa. Des ministres, encore en poste, et des personnalités de premier ordre le sont également. Ces derniers ont la particularité de compter parmi les fidèles du président Bouteflika. Les Medelci, Tebboune, Belaïz et Sidi-Saïd, pour ne citer que ceux-là, avaient comparu, certes, en tant que témoins, lors du premier procès de l’affaire Khelifa, mais rien ne dit que lors du procès en appel les choses resteraient en l’état.

C’est donc tout ce beau monde et des ex-ministres qui seraient dans de sales draps, si jamais Khelifa se mettait à tout déballer, notamment au sujet des salaires et autres cadeaux perçus par ces ministres en tant que “conseillers”.

Cependant, et au-delà des “errements” de ces personnalités, le fond du scandale Khelifa demeure ailleurs, en tout cas, plus haut que ce niveau. Sur les réseaux sociaux, et dès l’annonce de l’arrivée de Khelifa sur le sol algérien, la photo de l’audience accordée par le président Bouteflika au golden boy, au palais d’El-Mouradia, a fait le tour de la Toile. Se pose, alors, la question de savoir si ce n’est pas aussi une manière d’affaiblir le président Bouteflika, de gêner son propre plan pour 2014.

Toujours est-il que l’extradition de Khelifa devrait faire, quelque peu, de l’ombre sur l’affaire Chakib Khelil.

Y a-t-il une volonté de faire oublier l’affaire Khelil en relançant celle de Khelifa ? Mystère et boule de gomme.

Croire que l’extradition de Khelifa en ce moment précis sert le pouvoir en place serait aller trop vite en besogne. Ce serait, plutôt, un cadeau empoisonné dont vient d’hériter le pouvoir en ce moment crucial où le flou reste trop dense concernant la présidentielle de 2014. Et ce cadeau empoisonné sera le premier plat au menu du futur locataire du palais d’El-Mouradia.

Plus qu’un simple procès pour escroquerie et banqueroute, l’affaire Khelifa devrait remettre au goût du jour les pratiques d’une partie au pouvoir qui a permis la création de cet empire en carton, en si peu de temps, et sa disparition brutale.

Depuis la chute de son groupe, Abdelmoumene Khelifa crie sur tous les toits que la cabale menée contre lui ne serait qu’un règlement de comptes politique et affirme que ses malheurs ont commencé dès le lancement de ses deux chaînes de télévision. Soupçonné de vouloir rouler pour le candidat Ali Benflis, Khelifa aurait payé fort le prix de cette allégeance.

Au-delà des affirmations des uns et des autres, force est de reconnaître que le procès en appel de l’affaire Khelifa risque d’être intimement lié au sort de l’élection présidentielle de 2014, et tout porte à croire que le déballage, tant attendu, tournerait au profit du vainqueur de ce scrutin et au détriment de ses adversaires.

A B