Après son élection au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, L’Algérie à l’épreuve du respect des libertés

Après son élection au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, L’Algérie à l’épreuve du respect des libertés
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L’élection de l’Algérie au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU est un honneur et une lourde responsabilité dans le même temps.

L’Algérie vient d’être élue par 164 voix pour siéger pendant 3 ans au Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies, dépassant largement le minima des 97 voix favorables.

En septembre, au cours du débat général de l’AG de l’ONU, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a rappelé l’attachement de l’Algérie “à la promotion et à la protection de tous les droits de l’Homme”, précisant que “c’est cet engagement qui a motivé la candidature de l’Algérie pour un siège au Conseil des droits de l’Homme pour la période 2014-2016”.

Le MAE a, en outre, mis en avant “le sens élevé des responsabilités” de l’Algérie et son souhait de contribuer vraiment à “l’amélioration de l’efficacité” de ce conseil. Non sans promettre que notre pays s’emploiera à parfaire ses “propres performances” en matière des droits humains.

La veille du scrutin, l’Algérie est

“provoquée” par 6 ONG, dont Human Rights Watch (HRW), qui l’invitent à prendre des mesures concrètes pour améliorer les droits de l’Homme dans le pays. Il est reproché à Alger d’exercer “la répression contre les syndicats indépendants” et d’interdire aux travailleurs “d’exercer leur droit de se réunir librement et de manifester sans recourir à la violence pour les disperser”. Pour HRW, “les Algériens doivent pouvoir s’exprimer librement et manifester ou exprimer leurs opinions”.

Cette ONG réclame, également, la libération des personnes emprisonnées pour des délits de liberté d’expression. Le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, a réagi rapidement, qualifiant cette sortie de “campagne enclenchée par des lobbys de la drogue et du crime transfrontalier”.

Pour l’avocat, “les tentatives visant à tromper l’opinion publique internationale sur l’état des droits de l’Homme et des libertés en Algérie, notamment les libertés syndicales, à la veille de l’élection du Conseil des droits de l’Homme, à laquelle l’Algérie est candidate, ne font que confirmer, encore une fois, que les lobbys marocains de la drogue et du crime transfrontalier continuent de cibler l’Algérie dans ses positions dans la lutte contre ces phénomènes et d’embrouiller celles-ci dans les tribunes internationales”.

Par ailleurs, le président de la CNCPPDH a déploré ces “attaques” contre l’Algérie destinées à “étouffer sa voix”, en notant que ces ONG “continuent de tourner le dos aux agressions israéliennes contre le peuple palestinien, aux violations des droits de l’Homme au Sahara Occidental et à de nombreux problèmes humanitaires au continent africain”.

Me Ksentini a aussi estimé que “le contenu de ces rapport ne reflète pas la réalité des droits de l’homme en Algérie”, prenant appui sur “les rapports des organisations internationales des droits de l’Homme qui ont visité les prisons, les écoles et les établissements de santé du pays et rencontré des syndicats

et des organismes indépendants activant dans le domaine des droits de l’Homme”.

Il faut dire qu’il y a à boire et à manger concernant la question des droits de l’Homme. Imposée par les puissances occidentales au reste du monde, notamment aux pays maghrébins et arabes, cette question est souvent brandie comme une arme, par les forces hégémoniques, pour des considérations économiques, géopolitiques et géostratégiques. Mais, fort heureusement, beaucoup croient à l’idée de la démocratisation des peuples, voire à leur émancipation. Ceci pour dire que l’analyse de M. Ksentini est intéressante mais incomplète.

Il est clair que la bataille gagnée au sein de l’ONU, par l’Algérie, pour arracher un siège haut la main au Conseil des droits de l’Homme, est une bonne chose. Mais, l’acquisition d’une telle place rend l’Algérie plus responsable envers la communauté internationale et sa société en matière de respect et de promotion des droits de l’Homme. Alors, quel sort sera réservé au jeune blogueur, Abdelghani Aloui, en détention depuis le 15 septembre et au chroniqueur d’El Khabar, Saâd Bouokba, qui risque d’être poursuivi en justice par le ministère de la Défense ?

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