La halte historique inhérente à la célébration du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne du 1e Novembre 1954, ne s’est pas passée de l’activité partisane. En effet, l’occasion a été donnée à nombre de formations politiques, celles s’inscrivant en droite ligne avec le programme du chef de l’état, de remettre au goût du jour les questions de l’heure.
Ainsi, le chef de TAJ (Tadjamou Amal Al-Djazair), Amar Ghoul, a choisi la clôture des travaux de l’université d’été de son parti, effectuée avant-hier à Alger, pour trancher ouvertement sa position en faveur de l’initiative politique d’Amar Saâdani, secrétaire général du FLN (Front de libération nationale), lancée le 3 octobre dernier. Ceci intervient, faut-il le souligner, après une longue tergiversation du leader de TAJ, s’étant enrobé dans une position ambivalente, devant le difficile choix d’adhérer au Front national de soutien au programme de Bouteflika, lequel émanait de Saâdani et l’autre projet cher à Ahmed Ouyahia, premier responsable à la tête du RND (Rassemblement national démocratique), ayant mis au grand jour ses intentions de relancer l’ex-Alliance présidentielle, dissoute en 2012, composée, alors, par la triangulaire «FLN-RND-MSP». Même si Ghoul avait déclaré récemment être d’accord avec les deux projets, en indiquant par ailleurs être pour toute autre initiative prônant les intérêts supérieurs du pays, il n’en demeure pas moins que le TAJ s’est rangé définitivement du côté du parti majoritaire. De toute apparence, Ghoul a dû, de prime abord, jaugé le poids politique et l’impact médiatique de ces deux propositions, du reste, les plus prééminentes sur la scène nationale. Dans un communiqué sanctionnant la rencontre politique de ce parti crée en 2011, Ghoul a tenu à rassurer son «allié» du FLN, que son organisation œuvre pour l’élargissement du Front national pour drainer autour de cette initiative d’autres parties pour une participation de tous, dans une vision orientée vers la culture du rassemblement, à même de préserver l’intérêt du pays, a-t-on indiqué. Le chef de TAJ s’est-il pour autant affranchi de l’Alliance présidentielle d’Ouyahia ? Rien n’est moins sûr, puisque Ghoul a préféré mettre de l’eau dans son vin en éludant inéluctablement de revenir sur le projet de l’actuel chef de cabinet à la présidence de la République. Ceci étant dit, le premier responsable de TAJ pourrait finir, peut-être bien, par afficher un certain intérêt, superflu soit-il, pour garder ses accointances partisanes avec Ouyahia au risque de jouer les trouble-fêtes avec lui. Ce qui est pour le moins sûr, c’est que Ghoul a vu en le Front national de Saâdani, le plus à même de préserver son emplacement stratégique au sein de l’architecture politique.
Benyounès dans la bataille électorale
Même s’il ne s’est pas encore exprimé de manière franche sur les initiatives politiques mises en avant par les deux partis majoritaires, le secrétaire général du MPA (Mouvement populaire algérien) se retrouve, plus au moins, dans la même position d’Amar Ghoul. Manifestement érigée en troisième force politique derrière le FLN et le RND, le parti de l’ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, qui s’est éclipsé de la scène publique au lendemain de sa mise à l’écart du gouvernement, a les dents longues. Cependant, ce recul n’a-t-il pas suffi pour en prendre position ? Intervenu avant-hier à Mascara dans une rencontre l’ayant regroupé avec militants et cadres de son parti, Benyounès a tenu à démentir «des rumeurs», selon lesquelles sa formation politique aurait été gagnée par l’usure, notamment depuis qu’il est éjecté de l’Exécutif national. Pour lui, ceux qui soutiennent cette thèse font fausse route. Et pour cause, et pour supprimer tout équivoque, semblerait-il, il a affirmé que le MPA se projette d’ores et déjà sur les prochaines échéances sénatoriales, annoncées pour fin décembre prochain.
Des propos par lesquels Benyounès veut s’assurer de la bonne santé dont jouit sa formation, d’autant plus qu’il n’a même pas jugé utile d’évoquer, encore moins afficher un penchant pour l’une des initiatives des partis leaders. Même si, profitant de l’ambiance populaire caractérisant la célébration de la date historique du 1er Novembre 54, le chef du MPA a réaffirmé encore une fois qu’il soutient la politique «lucide» et la démarche du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. à la lumière de ces propos, autant dire donc que Benyounès préfère plutôt se lancer seul sur le terrain de combat, pour ne pas prendre le risque de se noyer dans les initiatives politiques des deux partis tuteurs. L’autre indice qui conforte cette thèse est son opinion vis-à-vis de l’opposition politique. En effet, au moment où Amar Saâdani «caresse l’espoir ?» de voir les partis de ce camp politique «rejoindre» son Front, en intensifiant les discours sensibilisateurs à son adresse, Benyounès continue de le dénigrer. Même s’il a usé d’un ton modéré, en précisant notamment qu’il n’a rien contre l’aile de l’opposition, Benyounès n’a pas raté l’occasion de vilipender les revendications de la CLTD, qui s’articulent autour de l’organisation d’un processus de transition. Le patron du MPA a qualifié ces initiatives d’antidémocratiques et plus grave encore d’un coup d’état.
Farid Guellil