L’opposition donne des signes d’essoufflement, quelques semaines seulement après l’agitation ayant suivi les événements du mois de janvier dernier et les développements qu’a connus la situation dans le monde arabe. Les partis de l’opposition semblent satisfaits de l’annonce des réformes politiques miroitées par le pouvoir, mais dont la nature reste toujours méconnue. Les leaders et acteurs politiques ont, tout compte fait, adopté une attitude plutôt
«passive» à travers des déclarations de presse, rencontres partisanes et propositions de sortie de crise superficielles. Si le pouvoir se trouve, ces derniers jours, sous pression, cela est dû uniquement aux mouvements de protestation à caractère social et professionnel, enclenchés par différentes couches de la société. Des actions de protestation sur lesquelles les autorités ne cessent de faire des concessions, dans le seul objectif de calmer la tension et éviter le risque de dérapage. Les politiques, quant à eux, trouvent tout le mal du monde, ne ce serait-ce qu’à encadrer et orienter ces réactions de colère et en faire un moyen de pression sur le gouvernement. Depuis quelques jours, la classe politique a préféré être dans l’expectative et faire dans les rumeurs et spéculations.
Même les semblants de démonstration de force et revendications radicales de changement ont été abandonnés ou leurs initiateurs divisés, pour des considérations qui témoignent d’un manque de maturation avéré. En fait, après l’implosion de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), l’on a assisté à deux entités incapables de mener à terme leurs projets politiques.
Il en témoigne le peu de personnes qui répondaient aux appels à la marche de la Coordination version partis politiques et l’incapacité de la Coordination version syndicats à remplir la salle Atlas qui était à moitié vide, lors du seul et unique meeting organisé. D’ailleurs, le peu d’engouement des citoyens sur ces initiatives de changement émanant de l’opposition a fini par avoir des répercussions négatives sur la classe politique. Hormis les partis de l’Alliance, les autres formations ont subi une vraie douche froide. On leur reprochait d’un côté le manque de représentativité et d’un autre l’absence de projets de changement ficelés et bien réfléchis. Faut-il préciser, dans ce registre, que plusieurs formations tentaient, ces derniers temps, de reprendre l’activité du terrain et bénéficier de la médiatisation que leur offre généreusement la Télévision nationale.
Même les initiatives chapeautées par des personnalités politiques telles que Ahmed Benbitour, Abdelhamid Mehri ou Hocine Aït Ahmed ne sont pas suivies d’effet, au moins officiellement. Ce qui démontre que les tenants du pouvoir ont bien géré la crise et ne craignent plus le feu, au moins, du côté de l’opposition dans sa configuration actuelle.
D’ailleurs, la principale préoccupation des autorités publiques, ces derniers temps, est d’apaiser la tension populaire, à travers, notamment les opérations de recrutement de contractuels, l’octroi de crédits bancaires et l’accélération de la distribution de logements, etc.
Aomar Fekrache