Le Premier ministre tunisien, Mohammed Ghannouchi, assure désormais l’intérim de la présidence de la République tunisienne en raison de l »‘incapacité temporaire du président Zine El Abidine Ben Ali à assumer ses fonctions », dans la foulée des troubles sociaux qui frappent le pays depuis plusieurs semaines.
« Conformément à l’article 56 de la Constitution, j’assume à partir de cet instant la charge de président par intérim », a annoncé vendredi soir M. Ghannouchi (69 ans), dans une déclaration à la télévision, expliquant ses nouvelles fonctions par l »‘incapacité temporaire du président Ben Ali à assumer ses fonctions ».
Dans son allocution prononcée devant le président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa et celui de la chambre des conseillers (Sénat), Abdallah Kallal, « le président par intérim » a lancé un appel aux Tunisiens, toutes sensibilités confondues, politiques et régionales, « à faire preuve de patriotisme et d’unité ».
M. Mohammed Ghannouchi, s’est, par ailleurs, engagé à « respecter la Constitution et à mettre en oeuvre toutes les réformes sociales et politiques (…) qui ont été annoncées en collaboration avec les partis politiques et les composantes de la société civile ».
Peu auparavant, le président Ben Ali a limogé son gouvernement, convoqué des élections législatives anticipées « dans six mois » et chargé Mohammed Ghannouchi de former un nouveau cabinet, des décisions prises dans le cadre des mesures destinées à apaiser la situation dans le pays, confronté depuis le 19 décembre à un mouvement de protestations sociales.
Parmi ces mesures d’apaisement, M. Ben Ali a également proclamé vendredi l’état d’urgence dans l’ensemble du pays avec un couvre-feu de 18 h 00 à 06 h 00 du matin, et décidé d’interdire les rassemblements sur la voie publique, selon un communiqué du gouvernement, cité par l’agence de presse tunisienne TAP.
En vue de mettre un terme aux troubles prévalant dans le pays, les autorités tunisiennes avaient déjà pris une série de mesures dont le limogeage du ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et son remplacement par M. Ahmed Friaa, ancien ministre de l’Equipement.
Le mouvement de protestations sociales qui est parti du sud-ouest du pays avant de gagner d’autres villes pour toucher la capitale Tunis a fait, selon un dernier bilan officiel, 21 morts parmi les manifestants et des dizaines de blessés, outre la destruction et le pillage de plusieurs infrastructures publiques à travers tout le pays.
Parmi les personnes tuées dans ces troubles figure un citoyen algérien dénommé Mergheni Tahar, a indiqué vendredi une source diplomatique algérienne à Tunis.