Une Espagnole, retenue en otage par la branche maghrébine d’Al-Qaïda dans le nord du Mali, a été libérée hier et était en route vers son pays, mais la deuxième femme otage, une Italo-Burkinabée, reste toujours détenue par les islamistes. Alicia Gamez est “saine et sauve” et voyage actuellement “vers Barcelone”, a déclaré la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega.
Elle est accompagnée par un membre de sa famille et la secrétaire d’État espagnole à la Coopération Soraya Rodriguez, a-t-elle précisé.
Mais “la Burkinabée (qui a également la nationalité italienne) n’a pas été libérée.
Seule l’Espagnole a été libérée et un avion est venu la chercher à Ouagadougou, elle est partie vers l’Espagne”, a indiqué à l’AFP à Ouagadougou une source proche de la présidence burkinabée.
“On continue les discussions pour sa libération. Ce ne sont pas les mêmes groupes, chaque groupe pose ses conditions”, a-t-on ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat. La source diplomatique à Bamako qui avait donné sa libération est revenue sur ses déclarations.
“C’est l’otage espagnole seule qui a été libérée. Il y a eu une petite confusion. L’otage italienne, elle, n’a pas été libérée”.
Cette dernière, l’Italo-Burkinabée Philomène Kabouré, 39 ans, avait, selon des sources proches des négociations, auparavant refusé d’être libérée seule pour rester avec son mari italien Sergio Cicala, 65 ans, toujours détenu.
Il reste donc à ce jour quatre Européens aux mains d’Al-Qaïda : deux humanitaires espagnols, enlevés le 29 novembre en Mauritanie, et le couple d’Italiens kidnappé également en Mauritanie le 18 décembre.
“C’est grâce aux efforts du Burkina Faso qu’on a pu obtenir ce résultat”, a déclaré à l’AFP cette même source diplomatique.
Selon les recoupements de l’AFP, depuis plusieurs jours au moins, deux émissaires “personnels” du président Blaise Compaoré étaient sur le terrain, dans le désert malien, pour obtenir cette libération. “Ils (émissaires) ont tout fait pour obtenir la libération de tous les otages, mais ça n’a pas marché.
C’est un geste humanitaire que les ravisseurs ont fait”, a commenté un négociateur malien à la périphérie des discussions sans être directement impliqué. Un négociateur avait indiqué le 5 mars à Bamako qu’Al-Qaïda au Maghreb exigeait la libération de plusieurs combattants islamistes écroués en Mauritanie, en échange de celle des trois humanitaires espagnols et du couple d’Italiens.
Mais le 4 mars, le Premier ministre mauritanien, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf, avait affirmé que son gouvernement refusait de négocier avec “les groupes terroristes” ou d’échanger des prisonniers.
Les trois Espagnols de l’ONG Barcelona Accio solidaria — deux hommes et une femme — avaient été enlevés le 29 novembre 2009 sur la route Nouadhibou-Nouakchott, à environ 170 km au nord de la capitale.
Ils circulaient à bord du dernier véhicule d’un convoi acheminant du matériel pour des associations en Afrique de l’Ouest. Après leur enlèvement, ils ont été acheminés dans le nord du Mali. Le porte-parole de l’ONG Barcelona Accio Solidaria, Joan Ramon Jiménez, a exprimé hier sa “joie même s’il reste encore deux compagnons là-bas”.
“Aucune rançon n’a été versée”, a affirmé la vice-présidente du gouvernement espagnol. Le 21 février, le quotidien El Mundo avait affirmé que Madrid était en train de payer 5 millions de dollars à Al-Qaïda pour ses trois otages.