Les Etats-Unis, après une sorte de léthargie concernant le dossier du Sahel, semblent se réveiller et, en de petits pas ; tentant de rattraper le retard accusé, comparativement à la France qui y a pris le devant.
Après les drones, l’évocation d’une menace nucléaire dans la région, le classement de Mokhtar Belmokhtar comme ennemi national…, c’est au tour du terroriste algérien, Yahia Abou El Hammame, de son vrai nom Djamel Oukacha, qui sera dans le visu du pays de l’Oncle Sam. En effet, ce chef terroriste vient d’être ajouté, avant-hier, à la liste noire «américaine ».
Dans un communiqué rendu public, hier, par le département du Trésor, il est mentionné qu’Abou El Hamame « joue un rôle clef dans la poursuite des activités terroristes en Afrique du Nord et au Mali ». Cet ajout implique de facto, le gel des avoirs que pourrait détenir ce chef terroriste aux Etats-Unis, et expose tout ressortissant américain venant de commercer avec lui à des poursuites pénales, note encore le Trésor.
La nouvelle « cible » traquée par les Américains n’est, rappelons-le, que le chef Aqmi pour la zone sahélo-saharienne : un vieux routier du djihad.
Djamal Oukacha est un ancien cadre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), mouvement terroriste qui s’est transformé en Aqmi, en 2007, après avoir fait allégeance à la mouvance Al-Qaïda. Né en 1978 à Réghaïa, Abou El- Hammame a fait ses premières armes dans sa région natale, participant à plusieurs attaques contre les forces de sécurité algériennes.
Puis, au tournant des années 2000, sur ordre du fondateur et émir suprême d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, il a migré vers le grand Sud saharien, où les groupes djihadistes sont parvenus à s’implanter progressivement.
Abou El Hammame devient le bras droit de Mokhtar Belmokhtar, puis l’adjoint d’un autre chef de brigade d’Aqmi : Abou Zeid. Sa promotion au rang d’émir pour toute la zone d’implantation d’Aqmi, au Sahara et au Sahel, intervient à un moment où la nébuleuse djihadiste a essuyé plusieurs pertes.
Quand les Français, qui mènent la guerre au Nord du Mali, ont élaboré, au début de ce mois de février, la liste des dirigeants des groupes islamistes armés recherchés, et proposant des récompenses importantes à qui aiderait à les arrêter « morts ou vifs », Abou Al Hammame y figurait. Avec cette annonce, les Etats-Unis font un nouveau pas dans leur manoeuvre de s’ingérer encore dans le Sahel.
Et ce, après que l’administration Obama soit fortement critiquée aux Etats-Unis, pour ne pas s’être engagée plus directement dans l’intervention militaire. La dernière critique en date, est signée par le président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, à majorité républicaine, Ed Royce, qui a fustigé la « tiédeur » de la réaction initiale américaine « pour répondre à l’appel de notre allié » (la France, ndlr).
« Paris est un allié de l’OTAN combattant des terroristes liés à Al-Qaïda, cela n’aurait pas dû être trop difficile pour la soutenir », a attaqué M. Royce. Notons que les Etats-Unis d’Amérique se sont, au début de l’intervention militaire, visant l’anéantissement des groupes terroristes au Sahel, montrés plus ou moins réticents.
Ils ne cessaient de prôner le dialogue avec toute partie qui se serait démarquée du terrorisme et respectant l’intégrité territoriale du Mali. Maintenant que la France est passée à l’action, le pays de l’Oncle Sam, cela apparaît clairement, semble vouloir se « ressaisir ».
H. F.