Si plusieurs formations politiques, qu’il s’agisse de celles du pouvoir ou de l’opposition, ont préféré cette année ne pas tenir ce qu’on appelle l’«université d’été», les islamistes semblent trouver dans cette activité leur espace d’échanges et de nouvelles tentatives de rassembler ce qui reste de leur courant.
Le Front pour la justice et le développement «El Adala» de Abdallah Djaballah tiendra, à partir d’aujourd’hui et ce jusqu’au 21 août dans la wilaya d’El Tarf, son université d’été. Djaballah, qui a annoncé la création d’un nouveau pôle des islamistes il y a quelques jours, sans soutien de leaders d’autres partis islamistes, espère trouver plus d’écho quant à son initiative.
A cet effet, l’université d’été à laquelle sont invités des représentants de formations politiques et des figures islamistes discutera de la possibilité de rassembler la famille islamiste malgré les différends devenus au fil des années des barrières difficiles à franchir.
De son côté, le Mouvement de la société pour la paix, qui n’adhére pas à l’appel de Djaballah sachant que le courant ne passe pas entre l’homme et le patron du MSP Abderrezak Mokri, tiendra son université d’été du 23 au 26 août sur le «Renouveau de la réflexion politique».

Le parti du défunt Nahnah suscite toujours des interrogations avec notamment son rejet d’intégrer un pôle islamiste et préfère activer au côté d’un parti laïque, à savoir le RCD, au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique.
Ce parti a aussi étonné plus d’un après sa rencontre avec Ahmed Ouyahia en sa qualité de ministre d’Etat, directeur de cabinet de la Présidence de la République, une rencontre qui aurait pu engendrer une explosion de la CNLTD.
Pour sa part, le Front du changement de Abdelmadjid Menasra vient d’annoncer la tenue de l’université d’été de son parti les 23, 24 et 25 août, au niveau de la wilaya de Boumerdès. Celle-ci se tiendra sous le slogan «Construire un Etat moderne, consensus, démocratie et développement».
Ce parti qui a participé aux consultations sur la révision constitutionnelle débattra le sujet en plus d’autres questions liées aux différentes initiatives politiques, enjeux économiques de la période actuelle et autres sujets relatifs à la jeunesse, l’Islam et l’Etat moderne, etc.. Plus de 600 participants sont attendus, outre des invités d’autres pays comme la Mauritanie, Tunisie, Palestine, Maroc, Libye et autres.
Les tentatives des islamistes pour se positionner sur la scène politique se multiplient cet été, même ceux qui ne sont pas organisés dans un cadre légal.
C’est le cas des repentis de l’ex-organisation terroriste Armée islamique du salut (AIS), qui auraient organisé une «université d’été» à Mostaganem».
Selon des sources médiatiques, c’est Madani Mezrag, l’ex-chef du bras armé du parti dissous (FIS), qui a déjà tenu une université d’été en août 2014 dans la wilaya de Jijel, qui a organisé cette rencontre.
Madani Mezrag est devenu une star médiatique sur quelques chaînes de télévisions privées où il affiche ses ambitions de revenir sur la scène politique.
Mezrag avait été reçu à la Présidence par le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, dans le cadre des consultations sur la révision de texte fondamental de la République.
Le 20 juin 2014, Ouyahia qui a organisé sa première conférence de presse comme ministre d’Etat, directeur de cabinet de la Présidence, avait déclaré qu’il n’y aura pas de retour du FIS dissous mais a défendu la participation d’anciens dirigeants du FIS dissous aux consultations sur la révision de la Constitution, à l’image de Madani Mezrag, El Hachemi Sahnouni, car les deux hommes ont participé à la trêve de 1997.
Il est à noter que la loi sur les partis politiques interdit dans son article 4 l’exercice politique aux responsables de l’ex-FIS mais le bouillonnement que connaît le courant islamiste pourrait ouvrir la voie à un retour déguisé.
Mais il faut attendre pour voir plus clair si les islamistes peuvent s’imposer dans une société qui rejette l’intégrisme et n’est pas près d’oublier ce qui s’est passé dans les années 90.
Nacera Chennafi