Le nouveau patron du Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Mokri, tente de récupérer les cadres du TAJ, formation lancée par Amar Ghoul, et ceux du parti de Mustapha Benmahdi présenté comme représentant des Frères musulmans en Algérie.
Si son prédécesseur Bouguerra Soltani a lancé un projet d’union avec Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), le nouveau patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Mokri, veut récupérer les cadres du TAJ, formation lancée par Amar Ghoul, et ceux du parti de Mustapha Benmahdi présenté comme représentant des Frères musulmans en Algérie. Après l’échange de visites de courtoisie, les présidents du MSP et du FC, Abderrazak Mokri et Abdelmadjid Menasra, sont passés aux choses officielles dans l’espoir de concrétiser le projet d’union des enfants du parti du défunt Nahnah qui ont claqué la porte du temps de Soltani.
Toutefois, ce projet ne sera pas limité à ces deux formations politiques, mais sera «ouvert à toutes les parties qui souhaiteraient y adhérer» sans pour autant donner de date précise pour sa concrétisation. Lors d’une rencontre avec les cadres du FC, à l’occasion de la tenue d’une conférence nationale du parti dont les travaux ont été ouverts vendredi dernier, Mokri a exprimé le souhait de voir les «rangs se resserrer» au service de la nation, avant d’annoncer qu’une commission mixte travaillait actuellement sur les mécanismes d’élargissement du projet d’union.
Le nouveau président du MSP a annoncé une prochaine rencontre avec Mustapha Benmehdi (ancien dirigeant au MSP) et de ceux qu’il a qualifiés d’enfants du MSP, dont le parti Tadjamoue Amal Jazair (TAJ) en vue d’examiner leur éventuelle adhésion au projet. Pour Mokri, «il y a une volonté sincère de former un parti fort capable d’opérer le changement dans le pays». Il ne s’agit donc pas d’alliance mais plutôt de réintégrer ceux qui ont quitté le parti en protestation de la politique de l’ex-président du MSP, Bouguerra Soltani.
Il est à rappeler que le départ de l’ancien ministre de l’Industrie du MSP, Abdelmadjid Menasra, est intervenu après le quatrième congrès du parti en 2008. A l’époque, Menasra avait renoncé à sa candidature pour le poste de président du parti afin de «préserver les rangs du parti», mais n’a pas tardé à se détacher du parti et créer sa propre formation politique appelée au début «Front pour la prédication et le changement» puis «Front du changement», agréée suite à la révision de la loi sur les partis politiques en 2011.
Cependant, cette nouvelle formation politique née dans le contexte du printemps arabe et la montée des islamistes dans quelques pays, n’a pas pu se positionner. Elle a d’ailleurs reçu une grande gifle lors des législatives de 2012 puis s’est éclipsée lors des élections communales avant de sombrer dans une crise interne marquée par le départ de Mustapha Benmahdi qui a, pour sa part, préparé son propre parti appelé «Mouvement de l’édification nationale». Il est à rappeler que Abdelmadjid Menasra, même en tant que membre du gouvernement avait demandé le retrait du MSP de l’ex-alliance présidentielle, un souhait qui n’a été réalisé qu’en 2011.
Cette position le laisse probablement proche de Mokri qui préfère aussi la maison des Islamistes. Pour le cas de Benmadhi, il avait refusé tout contact avec les émissaires de l’ex-président du MSP, Bouguerra Soltani, et claqué la porte du Front du changement. Mais rien n’est encore décidé en ce qui concerne le rapprochement avec la nouvelle direction du MSP. Cependant, le plus dur pour le président du MSP est de réintégrer l’actuel président du TAJ, Amar Ghoul (ancien cadre du MSP), sachant que ce nouveau parti ne se définit pas comme une formation politique «islamiste». Sa composante le confirme d’ailleurs. Ainsi, on ne sait pas si la stratégie de Mokri est de récupérer les anciens cadres et militants du MSP qui ont intégré le TAJ, d’ailleurs depuis son élection à la tête du MSP, on parle d’une hémorragie au TAJ.
Il est à noter que ce parti a attiré des ex- fidèles du MSP, dont le président de l’Ugel ( organisation estudiantine affiliée au MSP) , en plus des cadres de l’association «El Irchad wa El Islah». Par ailleurs, les visions des président des deux partis pour la présidentielle de 2014 divergent, puisque Ghoul se prononce en faveur du Président Bouteflika s’il veut briguer un quatrième mandat, même si sa maladie sème le doute.
Quant à Mokri, il veut un candidat islamiste commun. D’autre part, Ghoul a préféré rester au gouvernement malgré la décision du parti de se retirer, une position que ne partage pas Mokri. S’agissant des objectifs du projet d’union, Mokri a indiqué qu’il n’est ni contre le gouvernement ni contre les personnes ou autres forces politiques.
Par Nacera Chennafi