Les bombardements de l’aviation française ont eu rapidement raison des islamistes et autres rebelles touareg, qui désertent une après l’autre les villes du nord du Mali, qu’ils occupent depuis mars 2012.
Après avoir repris Gao samedi, les forces françaises et maliennes s’attaquent à Kidal, soumise à un bombardement intensif. En effet, l’aviation française a bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, tout en poursuivant hier la prise de contrôle de Gao, la plus importante ville du nord du Mali, reconquise lors d’une offensive éclair. De nombreuses sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes vers les montagnes de la région de Kidal, dans l’extrême nord-est, près de la frontière algérienne, fief du groupe Ansar Dine.
Des positions des islamistes dans la ville et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. “Ces frappes ont notamment touché la maison d’Iyad Ag Ghaly à Kidal et un camp militaire”, a déclaré à l’AFP une source de sécurité. La maison du chef d’Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants.
Pour rappel, Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. La plus grande ville du nord du Mali, Gao, est tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire de l’armée française : des membres des forces spéciales bénéficiant d’un appui aérien se sont d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique.

Puis, des soldats africains sont venus par avion du Niger voisin jusqu’à Gao où ils étaient chargés dimanche de patrouiller dans la ville. “La prise de contrôle de Gao, qui compte 50 000 à 60 000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours”, a indiqué le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Les premiers témoignages faisaient état d’une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées avec Gao, et la zone n’est pas accessible à des observateurs indépendants.
L’armée française affirmait samedi qu’il n’y avait pas de combat à Gao, mais “des opérations de harcèlement” avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol. Sur le terrain, soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à 900 km au nord-est de Bamako. Les “troupes françaises et maliennes” seront “bientôt près de Tombouctou”, a assuré samedi le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.
Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à Mopti, dont certains évoquent déjà une volonté de vengeance à l’égard des islamistes, qui ont notamment détruits des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia.
Par ailleurs, les pays de l’Union africaine (UA) ont entamé hier leur 20e sommet à Addis Abeba, qui promet d’être dominé par la situation au Mali, suivi mercredi d’une conférence de donateurs internationaux. Le président sortant de l’organisation a remercié la France pour son intervention.
Les chefs d’état-major ouest-africains, réunis samedi en urgence à Abidjan, ont décidé d’augmenter leurs effectifs promis au Mali, de 4000 à 5700 hommes. Le Tchad a séparément promis plus de 2000 soldats.
Au total, environ 2000 soldats africains sont d’ores et déjà stationnés au Mali ou au Niger voisin.
Leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique.
M T. / Agences