Après l’interrogatoire de la police sur son roman jugé “Blasphématoire »: HRW appelle à l’abandon des poursuites contre Anouar Rahmani

Après l’interrogatoire de la police sur son roman jugé “Blasphématoire »:  HRW appelle à l’abandon des poursuites contre Anouar Rahmani

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé hier les autorités algériennes à abandonner les poursuites “pour insultes envers l’islam” contre le jeune écrivain et bloggeur, Anouar Rahmani. Romancier et étudiant en droit, Anouar Rahmani, âgé de 25 ans, a été interrogé par la Police judiciaire de Tipasa, le 28 février dernier, sur le contenu de son livre La ville des ombres blanches publié en août 2016 sur Internet et jugé “blasphématoire”.

“Il n’appartient pas à la police d’interroger des écrivains au sujet de leurs croyances religieuses”, a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Rahmani a déclaré que les policiers lui avaient posé des questions comme : “Priez-vous ?”, “Pourquoi avez-vous insulté Dieu ?”, “Pourquoi avez-vous écrit un tel roman ?”

Selon les dires des policiers, le ton ironique du roman constitue une insulte à l’égard de l’islam et son vocabulaire à tonalité sexuelle contrevient aux bonnes mœurs, soutient l’ONG. Rahmani a affirmé avoir fait l’objet de menaces et de campagnes de dénigrement sur Internet et dans les médias algériens pour avoir défendu la communauté LGBT, critiqué le recours à la religion pour restreindre les droits humains et pris la défense des minorités religieuses sur son blog, le Journal d’un Algérien atypique.

“Le plus grand blasphème, c’est de croire que Dieu puisse être offensé par un roman, et qu’il est si faible qu’il a besoin d’être défendu par la police”, a déclaré Rahmani à Human Rights Watch. En vertu de l’article 144 bis, Rahmani risque la prison. “Les lois qui pénalisent la ‘diffamation’ de la religion ou des organisations religieuses sont incompatibles avec les normes internationales de la liberté d’expression”, soutient HRW. Anouar Rahmani est actuellement en liberté en attendant la décision du procureur de l’inculper ou non. En septembre 2016, Slimane Bouhafs, un chrétien converti, a été condamné à trois ans de prison ferme par la cour de Sétif pour des posts sur facebook jugés offensants à l’islam.