Après leur victoire au Maroc ,Les islamistes devront composer avec une coalition

Après leur victoire au Maroc ,Les islamistes devront composer avec une coalition

Après l’incontestable victoire des islamistes marocains du Parti justice et développement (PJD) lors des élections législatives anticipées, l’heure est maintenant à la constitution d’une alliance politique avec les différentes formations activant sur la scène marocaine.

Une tâche qui ne sera pas facile pour le PJD qui devra former un gouvernement, notamment dans la désignation des postes-clés au sein de l’Exécutif.

Toutefois, selon les chiffres rendus publics avant-hier, aucune formation politique n’a obtenu de majorité suffisante pour diriger l’Exécutif qui sera nommé par le roi Mohammed VI. Rappelons que la nouvelle Constitution, adoptée le 1er juillet dernier, stipule que le prochain Chef du gouvernement sera issu du parti vainqueur aux élections législatives. C’est pour cette raison qu’à l’issue des résultats partiels annoncés avant-hier à la mi-journée par le ministre marocain de l’Intérieur, Tayeb Cherkaoui, il était question de négociations immédiates entre le PJD et la Koutla, l’alliance formée par l’Istiqlal, l’USFP et le PPS, pour tenter de former une majorité au Parlement. En effet, n’ayant pas obtenu de majorité absolue et n’ayant aucune expérience de la gouvernance, le PJD, principale formation d’opposition parlementaire marocaine avec ses 46 membres, sera contraint de négocier avec les autres formations pour obtenir une majorité capable de gouverner. Sauf que même si le PJD a à maintes reprises annoncé qu’il était disposé à mener des tractations pour la formation d’un gouvernement de coalition, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas sûr d’avoir des interlocuteurs à même d’accepter de former avec lui le prochain Exécutif, notamment le Parti authenticité et modernité (PAM) connu pour être «anti-islamiste». En outre, des partis qui ont gagné des sièges pour la prochaine législature, à l’instar du RNI autour duquel s’est formée une coalition de huit partis dénommée «la Coalition pour la démocratie» pour «faire front» au PJD, n’a pas affiché leur volonté de gouverner avec un parti islamiste. D’ailleurs, la coalition libérale baptisée G8 et qui réunit notamment le RNI et le PAM a déjà déclaré qu’elle s’inscrivait désormais dans l’opposition. A ce propos, Salaheddine Mezouar, l’actuel ministre de l’Economie, indiquera à la presse que «le PJD assumera ses responsabilités, sachant que la nouvelle Constitution garantit des droits importants à l’opposition». En termes de chiffres, les résultats des courses pour ces élections législatives marocaines, tels que donnés par le ministre de l’Intérieur Tayeb Cherkaoui, sont que sur les 288 sièges pour lesquels le résultat est connu, le PJD en rafle 80, devançant franchement le deuxième parti arrivé en tête, l’Istiqlal, qui remporte 45 sièges et dont le dirigeant Abbas El-Fassi était jusqu’ici le Chef du gouvernement. Viennent ensuite le Rassemblement national des indépendants (RNI) de l’actuel ministre de l’Economie, Salaheddine Mezouar, avec 38 sièges, puis le PAM (Parti de l’authenticité et de la modernité), dernier né de la classe politique, créé par un proche du roi Mohammed VI, Fouad Al-Himma, avec 33 sièges ; l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avec 29 sièges et en dernier le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec 11 sièges.

Par ailleurs, selon la même source, le taux de participation s’élève à 45,4% sur 13,5 millions d’électeurs marocains inscrits sur les listes électorales. Se félicitant de la bonne tenue du scrutin, le ministre de l’Intérieur marocain soulignera que «le vote du 25 novembre est une étape dans le cadre de la mise en œuvre de la Constitution» adoptée cinq mois plus tôt par référendum. Ainsi, après un scrutin qui aura été marqué par une forte poussée de l’influence islamiste dans tout le pays, notamment dans le milieu rural, il reviendra donc au PJD de mettre en œuvre cette nouvelle étape. En tout cas, cette autre victoire des islamistes au Maroc, après celle du parti Ennadha en Tunisie et tout récemment de la Libye avec le nouveau gouvernement qui affirme instauré la charia, vient marquer un nouveau tournant pour cette région d’Afrique du Nord.

LG Algérie

Par Lynda Naili Bourebrab