Juste avant le match, avec mon bâton magique de télécommande, je zappais à toutes les chaînes de sport. Je tombais sur un reportage traçant la carrière d’un incontournable attaquant national.
La chaîne qatarie diffusant le documentaire faisait à son aide l’apologie du désir de voir Qatar s’emparer en 2022 de l’organisation de la Coupe du monde.
Toujours dans ma lancée de zapping, je pointais la chaîne nationale, je voyais le même attaquant, goûtant aux délices d’un pot de yaourt, made in une vallée prestigieuse d’un fameux congrès de notre révolution en me regardant avec suggestion d’en prendre un et un «fort». Je me disais, croyant le lui dire, après le match de ce soir, je me soûlerai à mon tour sous les spots publicitaires. Et gratuitement.
Quand l’enthousiasme s’évapore il ne vous reste que cette réalité dure et tangible qui vous tend le score réel comme un critère authentique d’une évaluation. La tenue en échec en premier match d’hier face à un Malawi, loin d’être un foudre de guerre, doit être prise au sérieux. Nos joueurs ont été trop pris, après Khartoum, par une sorte d’enivrement. Ils ne voyaient déjà que la tangente radieuse d’un avenir trop prometteur.
Reçus en héros par tout un peuple, honorés plus que des héros par le président de la République, ils auraient, faudrait-il le dire, consommé à satiété et à l’avance le nectar encore immature d’une gloire qui ne s’arracherait que par buts et bon résultat.
Le score subi face au Malawi n’est pas adaptable à une hégémonie qui s’apprête à disputer très prochainement des joutes avec les meilleures équipes du monde. Les trois buts encaissés iront droitement dans la responsabilité d’une machine défensive défaillante et nécessitant davantage une cohésion. Un gardien de bois, qui certes avait fait un exploit dans la présence de l’équipe déjà en Angola puis en Afrique du Sud, aurait pu garder sa tête sur les épaules et ne point s’émerveiller ou croire en l’apothéose interminable.
Un match ne dure qu’une partie. En cas de victoire le lauréat vivra dans l’applaudissement jusqu’au prochain rendez-vous. En cas de perte, l’équipe s’oublie au sortir des vestiaires. Le peuple, le supporteur, l’Algérien enfin… est là, déçu, placide et prêt à trouver des justificatifs, des boucs émissaires ou des causes profondes. Il ne saura jamais qui en est le véritable responsable. Car, il n’existe pas, tout simplement. Ne dit-on pas, par ailleurs, que la victoire a plusieurs pères et que la défaite est orpheline !
El Yazid Dib