Après les violences accompagnant le sommet: Merkel sous pression

Après les violences accompagnant le sommet: Merkel sous pression

Les manifestations violentes avant et pendant la tenue de ce sommet ont été très mal perçues en Allemagne et dans d’autres pays où les médias ne manquent pas de critiquer les organisateurs qui «ont failli» à leur responsabilité de garantir l’ordre public. Des antimondialistes par milliers ont manifesté dans les rue de Hambourg contre les pays industrialisés et le pouvoir qu’ils détiennent aux dépens du reste de l’humanité. Les marches et les grand regroupements ont souvent tourné à l’émeute, au saccage de la ville et au pillage.

Les autorités allemandes, Angela Merkel en tête, sont montrées du doigt. Dans un éditorial au vitriol, le quotidien le plus lu d’Allemagne, Bild, a fait porter samedi la responsabilité de la «débâcle» à la chancelière, en l’accusant d’avoir «échoué» à maintenir l’ordre public depuis les premiers heurts jeudi. «Le sentiment de sécurité que l’Etat doit garantir a cessé d’exister à Hambourg», s’emporte le journal, jetant les dirigeants allemands dans l’embarras à moins de trois mois des élections législatives. «Les politiques portent l’entière responsabilité pour les policiers blessés et les destructions dans la ville», a également fustigé le dirigeant hambourgeois du syndicat de policiers BDK, Jan Reinecke, dans le magazine Der Spiegel.

La chancelière a dénoncé des violences «inacceptables», alors qu’une nouvelle manifestation importante était prévue samedi en milieu de journée. Le quotidien conservateur Die Welt est allé jusqu’à évoquer une «perte de contrôle» des autorités, qui ont laissé certains quartiers de Hambourg, deuxième ville du pays avec 1,7 million d’habitants, se transformer en zone livrée aux casseurs. Le calme était revenu samedi dans la ville, mais 20 000 personnes, selon la police, ont commencé à manifester en milieu de journée et les autorités redoutaient de nouveaux incidents en marge du cortège.

Le spectacle offert par la grande cité portuaire est en effet loin de l’image de «porte sur le monde» dynamique et internationale présentée par les dirigeants allemands avant ce sommet. Au total, 213 policiers ont été blessés et 143 personnes interpellées, selon le dernier bilan. Et le nombre de manifestants blessés n’est pas encore connu avec précision. Vendredi, la police, déjà forte de près de 20 000 hommes, a dû appeler des renforts. Les quartiers de Schanzenviertel et St. Pauli, fiefs de la contestation d’extrême gauche, se sont transformés vendredi soir en zones de «chaos urbain» et «champ de bataille», selon l’expression des médias allemands. Une unité d’intervention spéciale de la police, équipée d’armes d’épaule automatiques, a même été appelée à la rescousse dans la nuit de vendredi à samedi devant les graves débordements. Des barricades avec des feux ont été dressées dans les rues. Un supermarché a été pillé, selon des médias, et d’autres magasins vandalisés par des casseurs munis, selon la police, de barres de fer.

Les sympathisants de la mouvance anarchiste et autonome promettent «l’enfer» dans cette ville, bastion historique de la contestation violente contre l’Etat. Les quartiers où se sont déroulées ces violences se situent à dix minutes à pied seulement du centre du congrès qui abrite les travaux des dirigeants des 20 pays les plus riches de la planète. «Hambourg n’aurait jamais dû être désignée comme ville-hôte de ce sommet», a critiqué M. Reinecke. Un point de vue partagé par de nombreux médias, dont Der Spiegel, qui juge que «les craintes les plus vives sont devenues réalité et jettent une ombre noire sur ce sommet».