Très critiqué par une partie de l’opposition, le ministre de l’Industrie ne doutait certainement pas que la vague scélérate viendrait plutôt de l’étranger.
Éclaboussé par le scandale mondial des comptes bancaires offshore dans ce qui est convenu d’appeler “Panama Papers”, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, voit, désormais, son avenir politique s’assombrir et son image salie par les révélations de la presse internationale.
Certes, ce n’est pas la première fois que son nom est associé à un scandale puisqu’il avait déjà été cité dans l’affaire Khalifa. Cependant, les réseaux dont il dispose et, surtout, sa fidélité au clan présidentiel ont facilité son retour sur la scène politique. Et par la grande porte, au grand dam de beaucoup d’Algériens.
Il est maintenant établi que ce ne sont pas les compétences qui priment dans les nominations de hauts responsables de l’État et leur ascension, souvent fulgurante, mais, avant tout, l’allégeance au système, au clan et au pouvoir. Et cela, M. Bouchouareb semble l’avoir bien compris, lui qui a échappé, on ne sait comment et pourquoi, aux griffes de la justice après que son nom a été cité parmi les bénéficiaires de prêts, évalués à plusieurs dizaines de millions de dinars, contractés auprès de Khalifa Bank et qu’il n’avait pas remboursés.

Pour beaucoup d’observateurs, cette “immunité”, il l’a doit essentiellement à sa proximité avec le clan présidentiel, notamment le frère du président Bouteflika, Saïd. Et c’est cette “bénédiction” qui lui avait permis en 2012 de briguer le mandat de député alors que son dossier avait été, une première fois, rejeté par la commission électorale de la wilaya d’Alger.
En un tour de main spectaculaire, le recours qu’il avait déposé, vraisemblablement, à la suite des assurances reçues pour la circonstance, avait été rapidement accepté, lui ouvrant la voie à la députation, étant classé deuxième sur la liste du Rassemblement national démocratique (RND). Durant cette mandature, il sera même élu vice-président de l’Assemblée nationale (APN) et continuera de gravir rapidement les échelons pour être enfin désigné ministre de l’Industrie et des Mines dans le gouvernement actuel. Ayant réussi à diriger, avec une certaine poigne, le service de communication de la campagne du président-candidat Bouteflika en 2014, il pouvait, en effet, savourer cette récompense.
L’homme de confiance d’Ahmed Ouyahia, dont il était le chef de cabinet au RND, devenait, avec le temps, un pion qui compte sur l’échiquier du système algérien. Et son ambition commençait même à s’épaissir avec, notamment, les rumeurs sur sa possible désignation pour conduire le prochain gouvernement dont l’annonce serait imminente. Jusqu’à l’éclatement de ce nouveau scandale, rien, ou presque, ne devait faire obstacle à la nomination de ce ministre, fidèle parmi les fidèles au clan présidentiel, à la place d’Abdelmalek Sellal.
Très critiqué par une partie de l’opposition, M. Bouchouareb ne doutait certainement pas que la vague scélérate viendrait plutôt de l’étranger, là où le pouvoir algérien n’a d’emprise ni sur la presse, ni sur la justice et encore moins sur l’opinion publique. Et ce gros dossier, qui pourrait s’avérer un coup de grâce pour ce rescapé du scandale Khalifa, pose, de nouveau, la problématique de la convergence d’intérêts pour les hommes politiques appelés à assumer des responsabilités publiques. Et pour le cas d’espèce, c’est, à l’évidence, un avenir en pointillé qui se profile pour l’actuel ministre de l’Industrie, bien que le système soit capable de démontrer le contraire, en maintenant le concerné à son poste, voire en le promouvant à d’autres responsabilités encore plus importantes.
Ce qui n’aura rien d’étonnant, l’opinion publique étant habituée à ce type de comportements provocateurs de la part d’un système qui ne semble pas accorder de l’importance, outre mesure, au point de vue de la société sur ses projets. Le pouvoir va-t-il donc rester les bras croisés face à cette nouvelle altération de l’image du pays sur la scène internationale ? Ou sera-t-il contraint de sacrifier ce fidèle parmi les fidèles sur l’autel d’une inspiration destinée à atténuer, un tant soit peu, la décrue de son crédit auprès de l’opinion publique ?