Certaines personnes refoulées sont même accusées d’être un “danger pour la sécurité et la santé publique” mais sans preuves apparentes.
Bien que tardif, le rappel à l’ordre des autorités algériennes à l’encontre des Allemands était, semble-t-il, plus que nécessaire, à plus forte raison que les premières protestations ont émané des parlementaires allemands. Ces derniers n’ont pas manqué d’interpeller leur propre gouvernement à propos du mauvais traitement subi par les Algériens au niveau des plates-formes d’entrée sur le territoire allemand.
Difficile, d’ailleurs, d’expliquer l’attitude discriminatoire, voire de l’acharnement, des Allemands vis-à-vis des Algériens qui subissent depuis de longs mois des traitements des plus dégradants sans que cela ne se justifie, selon de nombreux témoignages.
Les premiers incidents sont intervenus en mars dernier lorsque des Algériens ont été refoulés sans raison apparente. Ils ne devaient que transiter par l’Allemagne (2 heures d’escale) avant de regagner l’Autriche pour un séjour de vacances en bonne et due forme (par le biais d’une agence de voyages).
Pas moins de 23 personnes dont huit filles et un couple d’âge mûr (plus de 55 ans) ont été retenus plus de trente heures dans des conditions effroyables, selon leurs propres récits, (sans boire ni manger) avant d’être refoulés comme des malfrats. Ils ont subi évidemment un interrogatoire avec des questions liées à la politique intérieure et extérieure et ont été obligés de payer une amende sans qu’aucune explication ne leur soit fournie.
Et pour couronner le tout, le PV qui émane des Allemands à propos des personnes refoulées les accuse carrément d’être un danger pour autrui “est considéré comme représentant un danger pour l’ordre public, la sécurité intérieure, la santé publique ou les relations internationales d’un ou de plusieurs États membres de l’Union européenne”.
Cette accusation n’est basée sur aucun fait prouvé dans la mesure où les personnes incriminées n’ont pas été signalées ni à leur propre pays ni aux autres États membres. Cela amène aussi à déduire qu’il ne s’agit que de “suspicion avilissante”.
On peut aisément dire que les Allemands remettent en cause l’appréciation des autres États membres. Ces mauvais traitements se sont, malheureusement, répétés de façon à ne plus pouvoir dire qu’il s’agit de faits d’exception. D’autres personnes dont des cadres algériens munis d’invitation ont subi la même humiliation.
“Si on part du principe que les Allemands sont souverains et admettent qui ils veulent sur leur territoire, ils ne sont pas en droit de nous séquestrer plus de 30 heures sans nous donner à boire et à manger en nous posant des questions extrêmement graves pour nous renvoyer ensuite sans explication aucune moyennant une somme d’argent dont on ne connaît même pas la motivation.
Ils n’ont aucun respect pour la dignité humaine”, ont dénoncé des Algériens qui ont décidé de porter cet incident devant la justice. Il s’agit, en effet, d’une question de dignité sur laquelle a insisté M. Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères lorsqu’il a convoqué Mme Jutta Wolke, ambassadeur d’Allemagne en Algérie.
Nabila Saïdoun