Un anniversaire sur fond de contestation sociale et politique. Le 49e anniversaire du cessez-le-feu qui a mené à l’indépendance de l’Algérie le 19 mars 1962 sera marqué samedi par plusieurs marches à travers le pays à l’appel de la CNCD, par une autre marche des jeunes devant la Grande Poste d’Alger le même jour, suivie le lendemain par une autre du Comité national des chômeurs, créé le 6 février, pour faire entendre ses revendications.
Loin de désarmer, la contestation en Algérie s’étend avec des grèves, des sit-in parfois violents, maintenant la pression de la rue en faveur d’un changement de régime.
L’appel à manifester samedi a été lancé sur Facebook par « des jeunes Algériens au début du mois sans que ses initiateurs se soient initialement identifiés. Mais ils ont levé un voile mercredi soir avec quelques journalistes à Alger, car sur la page d’accueil du groupe sur le réseau social, des critiques apparaissaient: « L’anonymat sert à manipuler les gens. Vous êtes forcément un parti politique qui se cache ».
Mais, explique à l’AFP Amine, 29 ans, l’un des participants de cette initiative, ce 19 mars « doit marquer un tournant important pour montrer que notre démarche est indépendante des partis politiques ».
« Nous voulons tous nous retrouver et marcher jusqu’à la présidence (de la République) pour exprimer notre revendication de changement, mais chacun viendra avec son idée du changement », ajoute ce cadre dans une entreprise.
Jeudi, des jeunes distribuaient encore des tracs dans certains quartiers d’Alger pour sensibiliser la mobilisation à cette manifestation.
« Nous sommes entrain de distribuer des tacts à la Casbah, nous n’avons rien à voir avec le RAJ, nous avons lancé cette manifestation de manière anonyme sur la toile, cette manifestation est celle de la jeunesse Algérienne, sans aucune couleur de partis politiques, ni autre organisation, les jeunes de la Casbah et autre veulent marcher et cette marche est celle de la jeunesse algérienne », affirme à DNA Hassan, 28 ans, universitaire au chômage.
Comme de coutume depuis le mois de février 2011, la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie), crée le 21 janvier, appelle également à des marches sur l’ensemble du territoire national. Contrairement aux fois précédentes, la marche de la CNCD ne se focalisera pas sur la capitale.
Dimanche 20 mars, le Comité national des chômeurs, créé le 6 février, tentera une marche depuis la place du 1er mai pour réclamer un travail décent, une allocation chômage à hauteur de 50% du salaire minimum garanti (fixé à 15000 dinars), la pérennisation des contractuels et des mesures de protection contre le travail précaire.
En dépit de la levée de l’état d’urgence le 28 février dernier, l’interdiction qui frappe les marches à Alger est toujours en vigueur. Pour empêcher les Algériens de manifester, le gouvernement n’hésite pas à déployer des milliers de policiers.
L’Algérie est secouée depuis plusieurs semaines par des mouvements sociaux touchant tous les secteurs de la société. Etudiants, personnel médical, gardes communaux, chômeurs, agents de la protection civile, travailleurs de la Sonatrach, pratiquement tous les secteurs d’activités sont gagnés par la contestation.
Le gouvernement a répondu par d’importantes promesses de financement de projets sans avoir réussi à mettre un terme aux revendications politiques et aux grèves sauvages dans tout le pays. Il semble que ces mesures aient peu d’impact sur le quotidien des Algériens.
En janvier des émeutes contre la cherté de la vie ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.
« Le peuple algérien aspire à un changement radical, à un changement de régime et non à un changement dans le régime », écrit jeudi dans une tribune un fondateur de la CNCD, le président d’honneur de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) Ali Yahia Abdennour, 90 ans.
« Comme au temps du colonialisme, le peuple algérien ne dispose pas de ses droits et les clans du pouvoir se comportent en seigneurs et maîtres », ajoute cet avocat qui évoque l’anniversaire du cessez-le-feu par un commentaire amer: l’Algérie est désormais victime d’un « colonialisme interne ».