Après la fonction publique, la grogne des travailleurs touche désormais le secteur économique public. En l’espace d’une semaine, de nombreuses sociétés industrielles sont touchées par la protestation. Il s’agit notamment de Sonatrach, du complexe sidérurgique d’El hadjar et de l’Eniem de Tizi Ouzou.
Trois entreprises d’envergure qui n’échappent pas à la protestation des travailleurs, demandent leurs droits et l’application des engagements de l’Etat quant à la prise en charge de leurs revendications socioprofessionnelles ou pour des raisons liées à la représentation des travailleurs dans le cadre du syndicat d’entreprise.
C’est notamment le cas de l’ENIEM de Tizi Ouzou, dont l’activité a été paralysée jeudi par les travailleurs, qui ont choisi de suspendre leur travail pour exprimer leur exaspéra- tion, face à ce qu’ils qualifient de » manoeuvres des mem-bres de la section syndicale de l’entreprise « .
Selon des contestataires, cités par les médias, près de 2 500 travailleurs ont rejoint normalement leurs postes de travail jeudi, avant de quitter leurs ateliers, lorsque les exreprésentants syndicaux se sont présentés à eux pour leur demander le renouvellement des adhésions à la section syndicale Ugta.
Selon nos sources, en février 2013, lors du mouvement de grève qui a paralysé durant un mois, l’Eniem, ces mêmes syndicalistes s’étaient engagés à ne plus se présenter à l’élection de la section et du comité de participation de l’entreprise. » Leur non-présentation une nouvelle fois à ces élections, a été l’une des conditions sine qua non pour le dénouement de la situation, qui était explosive.
Mais voilà maintenant qu’ils reviennent et veulent remettre en cause leur engagement ! « , a déclaré un grévisite, cité par TSA. Ainsi, il est à craindre que le bras de fer se soit à nouveau engagé.
A Sonatrach, des centaines de travailleurs engagés chez des sous traitants de Sonatrach, ont entamé depuis près d’une semaine, une grève de la faim pour exiger la mise en application de l’instruction Sellal, concernant notamment les salaires et la satisfaction des revendications socioprofessionnelles » légitimes « .
Cette grève a sérieusement perturbé l’activité au niveau de certaines stations pétrolières de Hassi R’mel, d’autant que les travailleurs protestataires se sont organisés pour empêcher leur remplacement par d’autres employés dépêchés à partir d’autres bases de vie.
Mais ce qui est à craindre encore davantage, c’est que cette action de protestation ne se généralise et touche d’autres sous-traitants au niveau des différentes stations énergétiques du Grand Sud. Au jour d’aujourd’hui, ni le gouvernement, ni la société mère Sonatrach, n’ont réagi, une situation de pourrissement est à craindre dans les prochains jours. A l’entreprise Sider, la grève a été évitée de justesse avant-hier.
En fait, la coordination syndicale des sections industrielles de l’entreprise Sider et des représentants de l’administration centrale de ce groupe sont parvenus, jeudi, à un accord et à l’annulation de la grève prévue jeudi, a indiqué le représentant de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).
L’accord répond notamment aux revendications des travailleurs relatives à l’annulation du plan de licenciement, à la préservation des emplois et à la garantie de la pérennité de l’activité, a-t-il indiqué.
Les deux parties ont également convenu à la non privatisation des filiales du groupe Sider, à la prise en charge de leurs dettes et à la conclusion des conventions au profit de la société de gardiennage et surveillance (SGS), une des filiales du groupe Sider, avec ArcelorMittal, Asmidal, Ferrovial et Algérie Télécom pour assurer la pérennité de son activité.
Les travailleurs des filiales du groupe Sider avaient observé un sit-in de quatre jours devant le siège de la direction générale du groupe Sider à Chaïba, dans la commune de Sidi Amar, et déposé un préavis de grève illimité en cas de non satisfaction de leurs revendications.
A. F.