Façon pour lui de se blanchir de ses derniers propos tenus il y a une semaine annonçant un lifting du gouvernement «courant mars». Qu’est-ce qui aurait donc poussé le patron du FLN à baisser la voix quelques jours après ? Sans aucun doute, les mises au point de deux hommes du Président lui ont donné à réfléchir. D’abord, Tahar Khaoua, ministre chargé des Relations avec le Parlement, puis le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Ce dernier a appelé hier, en marge de l’ouverture de la session de printemps du Parlement, «à laisser le Président exercer ses prérogatives», après que Khaoua ait qualifié mardi d’«auteurs spéculateurs» les récentes déclarations de Saâdani, sans pour autant le nommer.
Ceci n’empêchera cependant pas le patron du FLN d’insister sur l’imminence du remaniement indiquant que «les prochains jours sont à même d’apporter les réponses», dans une sorte de défi à son ministre, Tahar Khaoua, sur lequel il se permet de s’interroger : «Est-il porte-parole du gouvernement ou de la Présidence ?» Et comme il fallait relooker ses propos, Amar Saâdani précise que «quoi qu’il en soit, et même si Sellal est restant, ce qui veut dire que c’est le FLN qui gouverne, il y aura quand même un lifting qui touchera certains départements ministériels». En tout cas, cette nouvelle sortie de Saâdani qui excelle dans l’art des annonces prouve, on ne peut plus clair, qu’il a été rappelé à l’ordre sur ces sujets qui continuent d’occuper le débat politique. Mais ce n’est pas le cas pour la polémique déclenchée entre lui et son frère-ennemi Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND).
FLN – RND : la polémique se poursuit !
«Il n’y a de confiance en aucun politique à part le Président (Bouteflika, Ndlr)», a insisté Amar Saâdani, en réponse aux interrogations des journalistes. Le SG du FLN, s’adressant à son homologue du RND, sans le nommer, explique pourtant que «sur le plan des relations personnelles, c’est comme du miel». L’orateur, tout en vantant «la majorité» de son parti au sein du Parlement et des assemblées locales, «refuse catégoriquement de travailler sous la coupe d’une quelconque alliance», dans une allusion faite au projet d’Ahmed Ouyahia qui veut ressusciter la fameuse Alliance présidentielle. «Le FLN a son propre programme et ne peut pas se fondre dans d’autres canaux», tranche-t-il, rappelant l’échec de l’expérience de l’Alliance FLN-RND-MSP. «Nous étions ensemble dans le gouvernement et aujourd’hui on endosse au FLN la responsabilité de l’échec», tonne-t-il. Et d’ajouter : «Pas question de tomber dans les mêmes erreurs du passé !» Mais pour lever tout amalgame là-dessus, Saâdani n’omettra pas de mentionner qu’«il n’y a aucun différend quant au soutien au président Abdelaziz Bouteflika».
«L’opposition ne sait dire que non»
Par ailleurs, le SG du FLN n’a pas manqué l’occasion de sa sortie pour tirer sur l’opposition qui n’a, selon lui, «aucun programme et se contente de dire non». «Leur programme c’est les rassemblements, les manifestations, les activités et les ‘Non’», critique l’homme fort de l’ex-parti unique, en allusion aux partis et personnalités regroupés au sein de l’Icso. Pour lui, «le peuple n’a pas besoin des ‘Non’, mais d’acquis». Avant de reprocher à cette même opposition de «ne courir qu’après les élections», alors que «le danger» est aux portes de l’Algérie, tient-il à préciser, arguant «la menace Daech en Libye». Enfin, Amar Saâdani est revenu sur son initiative dite «Pour le progrès dans la cohésion et la stabilité», expliquant qu’«elle appartient à tous ses membres», actuellement au nombre de «35 partis politiques et plusieurs organisations nationales». Le projet représente aussi «un bloc pour protéger l’Algérie des ennemis étrangers et contre ceux qui lui veulent du mal», dit-il, ajoutant que l’ensemble des acteurs politiques, même de l’opposition, «sont les bienvenus pour parler de la sécurité nationale, du règlement de la crise, de l’insécurité et autres sujets que nous partageons».
Sur le reste de l’activité partisane, «chacun est libre», conclut Amar Saâdani.