Après les marchés informels, les parkings sauvages

Après les marchés informels, les parkings sauvages

Lancée en grande pompe depuis l’été dernier, l’opération d’éradication des 96 marchés informels recensés à Alger s’est accélérée ces dernières semaines.

L’objectif de cette action tant attendue par les citoyens est de ramener vers l’économie légale les adeptes du commerce illicite ou dit «trabendo». En effet, plusieurs marchés informels ont été déracinés depuis juin dernier.

D’autre part, cette série d’actions a été très saluée par les algérois. Ces derniers ont beaucoup souffert de ces marchés informels, bien que les prix de la marchandise proposée par des vendeurs à la sauvette sont beaucoup plus cléments que dans les autres commerces.

Fini donc la saleté et l’anarchie, les marchés informels ont été de véritables «poisons noirs» pour la capitale, selon beaucoup de citoyens. Ces derniers se disent très satisfaits de cette mesure. Désormais, ils peuvent sillonner leurs quartiers sans avoir de soucis comme auparavant. Des soucis d’ordre hygiénique, mais également sécuritaire.

Beaucoup d’Algérois ont trouvé, enfin, le calme après des années d’anarchie et de problèmes de sécurité. «Dieu merci, aujourd’hui, nous n’avons plus de soucis concernant la sécurité de nos enfants, de nos femmes, car auparavant, il y avait eu plusieurs agressions dans notre quartier, tout ça à cause de ce marché informel. Depuis que des jeunes vendeurs à la sauvette, venus d’ailleurs, ont installé leurs marchandises par terre, les problèmes sécuritaires ont apparu», explique un jeune citoyen de la localité de Leveilley, dans la banlieue d’Alger. Plus loin de là, le marché informel de Bachjarrah, l’eldorado des vendeurs à la sauvette, ici, les agressions sont signalées presque chaque heure.

Cela sans ajouter la saleté occasionnée par les jeunes vendeurs. «Personnellement j’ai vécu des moments insoutenables dans mon quartier. La saleté était partout. Des jeunes âgés entre 15 et 22 ans agressaient les gens paisibles.

C’était un vrai cauchemar pour tout le quartier, surtout pour les gens qui habitent à la Cité des 1280 logements. Personne ne peut dénoncer les affres de ces jeunes, parfois même les policiers ne peuvent s’approcher d’eux», confie un jeune d’une trentaine d’années, résidant dans cette Cité. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, la sécurité a été réinstallée par l’éradication de ce marché informel. Même les agressions ont beaucoup diminué. Le même constat est fait par la sûreté de daïra de Bachdjarrah.

D’habitude entre 10 et 15 agressions sont signalées dans ce quartier, mais après l’interdiction du marché informel, la moyenne des agressions a chuté pour tourner autour de 2 à 5 agressions par jour, selon une source bien informée. Par ailleurs, le célèbre marché informel de la Place des Martyrs, a été éradiqué, tout comme celui d’El-Biar, et de Bab El Oued. Toutefois, des émeutes ont eu lieu à chaque tentative d’éradication, couverte par la police et des représentants de chaque APC. Ces opérations ont été programmées depuis plus d’un an, selon une source proche de la wilaya d’Alger.

C’est au milieu de ces étals de fortune que les Algérois de condition modeste s’approvisionnent en vêtements, bijoux, livres et autres ustensiles de cuisine, vu bien entendu la clémence des prix. Mais les autorités ont décidé d’éradiquer tous ces espaces. Après la rue des Mariés, à la Casbah, ou la commune de Bachjarrah en septembre dernier, ce sont les marchés des quartiers populaires de Boumaâti dans la zone périphérique d’El-Harrach ou de Belcourt à Alger, qui se voient à leur tour éradiqués par la police.

La vente de produits importés illégalement ou contrefaits, le «trabendo», constitue aujourd’hui une économie parallèle. Certaines estimations évoquent un chiffre d’affaires annuel allant de quelques centaines de millions à 6 milliards d’euros, soit plus de 55 milliards de dinars. Un secteur clandestin dont les petits vendeurs ne sont que les derniers maillons de la chaîne. Pour les commerçants qui tiennent une boutique, les trabendistes sont des concurrents très sérieux et très gênants à la fois. «Ces vendeurs ne sont pas déclarés. Moi, je paie mes impôts qui sont fixes quelles que soient mes recettes», se plaint Mohamed, 45 ans, propriétaire d’un magasin de tapis et tissus au quartier populaire de Belcourt. «Je suis là depuis

10 ans et je m’en sortais mieux avant que cette économie de bazar ne s’installe dans les années 1990.» Toutefois, toute élimination des marchés sera remplacée par un autre marché, mais beaucoup plus organisé et propre. Un programme de réalisation de nouveaux marchés couverts et de proximité est déjà mis en place, rassure la direction générale des commerces d’Alger. Sur les 7 347 commerçants illégaux enregistrés en 2009 à Alger par les autorités, 3 654 auraient été placés dans ces nouvelles structures de vente, explique la direction générale des commerces d’Alger.

La traque des parkings clandestins a commencé

Après les marchés informels, c’est au tour des parkings sauvages qui, désormais, seront la cible des prochaines opérations de police. Mieux, quelques parkings clandestins sont déjà éradiqués par la police, nous affirme une source bien informée. C’est dans le quartier de Belcourt que ce vaste plan a pris le départ. À Belcourt comme partout dans les autres communes de la capitale, des jeunes issus de ce quartier populaire ont «détourné» des places de stationnement à des fins personnelles, et ce, sans avoir une autorisation des autorités locales. Les rues latérales où sont stationnés de nombreux véhicules regorgent de gardiens de parkings.

Ces derniers affirment ne pas obtenir d’autorisation dans ces espaces de stationnement. «La wilaya nous a fait remplir des dossiers mais depuis, on nous dit qu’il n’y a rien pour nous», se désole Farid, 26 ans, un jeune résidant au quartier de Belcourt. Pour les autorités d’Alger, le but est aussi de garantir une meilleure image et plus de sécurité pour Alger et ses habitants. La sécurité des lieux est aussi une question préoccupante pour la police qui veut mettre un terme à ce phénomène de société. Mais beaucoup de jeunes Algérois trouvent leur intérêt dans ce système informel. Aujourd’hui, ils sont plus de 20 000 à exercer ce «commerce» illégal.

Par Sofiane Abi