Après les marches avortées de ces dernières semaines : Quel avenir pour la CNCD ?

Après les marches avortées de ces dernières semaines : Quel avenir pour la CNCD ?
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Les animateurs de la CNCD (Coordination pour le changement et la démocratie) pourraient bien s‘attribuer ces paroles d’Arthur Koestler.

Elles décrivent avec justesse le désenchantement de ceux qui prônent le changement. « Nous vous avons apporté la vérité et dans notre bouche elle avait l’air d’un mensonge. Nous vous avons apporté la liberté et dans nos mains elle ressemble à un fouet ». Ils ont beau avoir de fortes convictions militantes, la tiédeur de la rue a sûrement introduit doute et découragement.

Si la semaine dernière l’interrogation était relative à sa capacité de mobilisation, c’est désormais l’avenir même de la structure qui risque d’être posé. « Son existence n’est pas remise en cause et d’ici mardi lors d’une réunion, nous tirerons les enseignements de notre action et nous aviserons », nous affirme un des représentants du CLA à la structure. Même l’éventualité d’un nouvel appel à une marche n’est pas exclue. Reste que les risques d’affrontement dont les prémices son nettement apparues ce samedi pourraient pousser des membres de la CNDC à entrevoir d’autres formes de contestation.

Maître Bouchachi se montre également serein. «Nos actions visent surtout à créer une dynamique et de ce point de vue, le déclic a été salutaire car il y a amorce d’un débat de nature politique sur la scène publique concernant la nécessité de changement dans notre pays». «C’est le début de quelque chose et il faut du temps pour que cette dynamique trouve ses marques», renchérit l’ancien député du FFS, Djamal Zenati.

Pour autant, le fait le plus saillant est que l’écho suscité par l’appel de la CNCD est resté faible. Le RCD, la seule structure dans la CNCD à pouvoir mobiliser ses militants, a visiblement perdu de ses capacités. Les autres associations, sans relais efficaces, sont démunies d’adhérents. La LADDH, le CLA ou le Snapap n’ont pas les troupes disciplinées d’un parti.

Il faut sans doute aussi lier cette démobilisation au refus des nouvelles générations qui s’abreuvent à Facebook, espace de liberté par excellence, de s’inscrire dans des démarches partisanes avec tous les risques d’embrigadement. Les expériences de Tunisie et d’Egypte et bien avant ailleurs ont prouvé que les partis ne sont plus les formes les plus prisées de la contestation. Le fils de l’écrivain Kateb Yacine, Amazigh ne reconnaissait-il pas qu’au sein de la « CNCD, il y a un jeu de paroisses dangereux et stérile » ?

La majorité des Algériens reste enfin traumatisée par la décennie noire et craint de retomber dans les sombres heures de la violence. Par rapport à des pays comme la Tunisie et l’Egypte, le pays sortait d’une sorte de tunnel pour entrevoir un rai de lumière. Selon de récents chiffres émanant de l’OIT, le salaire mensuel minimum entre l’Algérie et l’Egypte en 2009, bien avant l’augmentation, ne souffre aucune comparaison. S’il est de l’équivalent de 122 euros dans notre pays, il est de l’ordre de 4 euros au pays des pharaons. En Tunisie, il était de 117 euros. La société algérienne souffre davantage d’inégalités que de misère. Il est difficile de mobiliser la population sur des revendications d’ordre démocratique, par ailleurs, peu consensuelles. Beaucoup de citoyens estiment, à tort ou a raison, que le pluralisme est responsable des malheurs de ces dernières années. Il faut d’abord finir par conjurer les effets néfastes.