Après les lourdes pertes subies au Mali, Une base d’Aqmi dans le sud libyen ?

Après les lourdes pertes subies au Mali, Une base d’Aqmi dans le sud libyen ?
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De plus en plus d’experts avancent cette forte hypothèse pour expliquer le double attentat kamikaze du Mujao et d’Aqmi au Niger.

Selon eux, c’est à partir du sud libyen qu’aurait été préparée l’attaque de jeudi dernier à Arlit et Agadez au Niger, ce qui représenterait un changement dans la stratégie et un redéploiement des groupes armés affiliés au Mujao et, plus encore, à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en conséquence de l’intervention française au Mali.

Cette hypothèse est corroborée par la nature du terrain dans cette région, d’immenses zones désertiques échappant à tout contrôle d’une armée libyenne désarticulée et qui a déjà fort à faire avec les innombrables milices qui existent dans le pays, depuis le conflit interne et l’intervention de l’OTAN, qui ont pris fin avec la chute du régime de Kadhafi.

La conjugaison de ces deux facteurs – coup dur porté aux terroristes au Nord-Mali et disponibilité de vastes territoires incontrôlés à l’Est, donc vers la Libye, en passant par la frontière du Niger – fait que les groupes terroristes se sont certainement disséminés vers le sud libyen. D’autant qu’il est de notoriété que les autorités libyennes ne contrôlent vraiment que Tripoli et ses environs ainsi que les principales villes et les sites pétroliers.

En même temps, les tribus du Sud ne sembleraient pas de taille à affronter les groupes terroristes, dont le conflit libyen, justement, a décuplé leurs effectifs et leur armement.

Au lendemain des attentats perpétrés au Niger, c’est notamment le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui est affirmatif sur la question. Le double attentat a coûté la vie à 35 personnes, dont dix des assaillants, et fait une trentaine de blessés, selon le bilan fourni par le gouvernement nigérien.

Deux sites étaient visés : la garnison d’Agadez et le site de la Somaïr à Arlit. Pour le président nigérien, pas de doute, les groupes armés sont venus du sud libyen et ont été aidés par la difficulté de contrôler les frontières dans le Sahel, niant toute faille dans le dispositif sécuritaire des services de sécurité du Niger.

«Ce qui s’est passé (…) nous confirme dans nos analyses selon lesquelles, la situation au Mali ne doit pas masquer ce qui se passe en Libye. Parce que les assaillants, selon toutes les informations que nous avons eues, venaient de Libye, du sud libyen», a dit le président nigérien dans une déclaration publique.

Et d’ajouter : «J’avais déjà prévenu depuis le début du déclenchement de la crise libyenne, à l’occasion du sommet du G8 qui s’est déroulé à Deauville, qu’il faut éviter que les solutions, après la défaite de Kadhafi, soient pires que le mal.» Mahamadou Issoufou a ajouté qu’il préférait la dictature à l’anarchie, faisant référence à la situation qui règne selon lui en Libye.

«Je sais que les autorités libyennes font le maximum pour la contrôler. Mais le fait est que la Libye continue à être une source de déstabilisation pour les pays du Sahel», a-t-il également précisé. Il faut rappeler qu’en décembre 2012, Tripoli avait annoncé la fermeture de ses frontières avec tous ses voisins du Sud, dont le Niger. Mais il se trouve que les quatre mille kilomètres de frontières que connaît ce pays, restent très difficiles à contrôler.

D’autant que cette mission se trouve aujourd’hui, en conséquence du conflit, partagée entre une armée pas encore tout à fait au point, et des groupes d’anciens combattants, des milices qui évoquent souvent le manque de soutien logistique et financier de Tripoli.

L’Union européenne avait annoncé, rappelle-t-on, une mission d’aide à la sécurisation des frontières qui devrait commencer son travail dès le mois de juin, soit dans les jours à venir. Elle sera chargée de conseiller et d’entraîner des responsables libyens pour le renforcement de la sécurité aux frontières terrestres, maritimes et aériennes. Il reste, toutefois, que le problème n’est pas seulement dans le Sud.

La tension qui règne en Tunisie, avec la montée au créneau d’Ansar Charia, a vu Aqmi prendre position en faveur de ce mouvement salafiste, via ses outils de propagande habituels sur internet.

Des messages similaires ont également été émis et signés par des mouvements dits salafistes en Libye. En tout cas, une chose est sûre, les chancelleries occidentales redoutent une détérioration de la situation sécuritaire en Libye et ses implications sur la région.

Dernier fait en date, l’annonce, le 10 mai dernier, par le ministère des Affaires étrangères britannique de l’évacuation temporaire d’une «petite partie» de son personnel de l’ambassade de Tripoli, en raison «des implications sécuritaires liées à l’incertitude politique actuelle».

N. B.