La délégation algérienne n’est pas revenue bredouille de son voyage à Londres. C’est le moins que l’on puisse dire de la participation de nos 39 athlètes aux jeux Olympiques.
En effet, grâce à une superbe course de Makhloufi dans la finale du 1500 m, l’Algérie a remporté une médaille d’or dans le plus grand rendez-vous sportif mondial. Contre toute attente, l’enfant de Souk Ahras s’est illustré dans le dernier tour d’une course très tactique pour se hisser sur la première marche du podium et faire retentir l’hymne national dans le stade olympique de Londres. Ainsi, après une première semaine catastrophique au cours de laquelle nos sportifs, notamment les boxeurs et autres judokates sur lesquels reposaient les espoirs de médailles, se faisaient éliminer les uns après les autres, le coureur du demi-fond est venu sauver les meubles à trois jours de la fin de ces joutes internationales. Une concrétisation qui place l’Algérie au 50e rang mondial. Pour ce qui est du classement des nations arabes et africaines, qui ont enregistré un net recul lors de cette édition, l’Algérie s’est classée respectivement troisième et cinquième. Une maigre consolation, diront les plus passionnés. Sans doute, ils s’attendaient à une meilleure performance de nos athlètes. Notamment dans les disciplines où l’Algérie est un habitué du podium, à l’image de la boxe et du judo. Un exploit pour les autres. Vu les conditions de préparation de certains athlètes, le conflit au sein du COA surgi à quelques semaines du départ de la délégation pour Londres, les scandales de vol à l’étalage dont ont été auteurs deux volleyeuses et la suspension pour dopage dont a fait l’objet deux grands espoirs de l’athlétisme algérien, d’aucuns estiment que la délégation algérienne ne pouvait pas espérer mieux. Néanmoins, même s’ils ne souhaitent pas que la médaille de Makhloufi soit l’arbre qui cache la forêt, les plus avertis préfèrent dépassionner les débats au sujet du bilan de la participation algérienne aux jeux Olympiques. Pour eux, il serait plus intéressant de parler de moyens et de politique du sport national. L’Algérie a-t-elle mis les moyens nécessaires et adopté la politique qu’il fallait pour développer le sport national ? Il faut savoir que l’enveloppe allouée au secteur du sport est inférieure à 1% du budget de l’Etat. Plus de la moitié de cet agent est destiné au football. Ceci est-il suffisant pour faire émerger des champions et leur offrir la meilleure prise en charge possible afin qu’ils puissent rivaliser avec les plus grands athlètes mondiaux ? Depuis le désengagement des entreprises étatiques du sport au début des années 90, seul le football a pu résister à la crise. A l’exception du MCA, grâce à l’apport de Sonatrach, les clubs omnisports ont connu une restructuration au profit du football, mais aux dépens des autres disciplines. Ainsi, faute de budget conséquent leur permettant de se développer en investissant dans la formation, notamment, les sports collectifs, nécessitant plus de moyens, ont été les premiers à payer les frais. Les sports individuels, qui nécessitent moins de moyens, ont pu se maintenir, tant bien que mal, grâce surtout à la motivation et aux sacrifices de leurs pratiquants. Il n’en demeure pas moins, cependant, qu’une prise en charge et une formation adéquates continuent à faire défaut faute de moyens. Par ailleurs, le système de bourse dont bénéficient les athlètes dit d’élite n’a pas apporté les résultats escomptés. Octroyer des bourses relativement considérables à des athlètes pour leur permettre de se préparer, sans contrôle, assistance ni prise en charge technique réelle est-il vraiment la solution pour leur permettre de s’illustrer dans les rendez-vous internationaux ? Les bilans des dernières éditions des JO et des Jeux méditerranéens ne plaident pas en faveur de cette politique. Par ailleurs, continuer à donner tous les moyens au football, au moment où les autres disciplines, notamment celles comptant des champions du monde et olympiques, agonisent serait irrationnel. Un équilibre dans l’octroi des budgets serait plus équitable et permettrait le développement du sport national.
Rédha M.