Après les gardes communaux, Les patriotes investiront, lundi, Alger

Après les gardes communaux, Les patriotes investiront, lundi, Alger

La révolte victorieuse des gardes communaux a fait des émules. Les patriotes, de loin moins lotis que les gardes communaux, décident à leur tour de battre le pavé pour se faire entendre.

Ils prévoient, dès le lundi 11 avril, d’observer un sit-in ouvert devant le Sénat, à Alger.

Les patriotes, engagés en 1994 pour suppléer l’ANP dans la lutte contre le terrorisme islamiste, revendiquent, à l’instar des gardes communaux, un statut professionnel assorti d’une réparation morale et financière. Ces doléances ainsi que d’autres sont consignées dans une plate-forme qu’ils comptent remettre lundi au président du Sénat, Abdelkader Bensalah, pour qu’à son tour il la transmette au président de la République.

Patriote de Boufarik, désigné coordinateur national du mouvement par ses homologues des différentes wilayas, Tarek Chekroum évoque la situation désastreuse des patriotes : «Dans certaines wilayas, comme M’sila, Djelfa et Médéa, les patriotes n’ont perçu aucun sou depuis 1995. Ceux qui demeurent encore opérationnel ont été les grands oubliés des dernières augmentations du salaire national minimum garanti (SNMG).»

Un patriote opérationnel perçoit une mensualité d’environ 22 000 dinars. Ceux qui ne servent plus sont laissés-pour-compte. Les blessés parmi eux dans des attentats terroristes ou lors d’opérations de ratissage perçoivent des pensions selon la gravité de leurs blessures. Les blessures invalidantes donnent droit, selon Tarek Chekroum, à des pensions oscillant entre 10 000 et 12 000 dinars. Lui-même fut blessé à Boufarik. Il perçoit, indique-t-il, titre de pension à l’appui, 4 300 dinars par mois, l’équivalent d’un quintal de semoule. Le coordinateur national des patriotes nous a appris que les patriotes sont engagés sur la base de contrats annuels renouvelables. Mais il arrive que des contrats ne soient pas renouvelés et que des patriotes se retrouvent sans préavis ni indemnités, renvoyés à la vie civile. «Comme d’autres patriotes, je peine à trouver un emploi.

Je me suis engagé comme patriote à l’âge de 22 ans, aujourd’hui j’ai 40 ans et, sans travail, je suis réduit à survivre avec une minable pension de 4 300 dinars par mois», confie attristé, retenant difficilement un sanglot, Tarek Chekroum. Et c’est pour sortir de cette situation de précarité qu’il a entrepris avec d’autres camarades d’engagement et de combat de mobiliser les patriotes pour revendiquer solidairement leurs droits. Ils sont parvenus, après deux mois pleins de consultations, à se mettre d’accord pour, outre le statut, à réclamer une compensation financière pour l’ensemble des 16 années passées à combattre le terrorisme.

A revendiquer aussi une prise en charge pour les familles des patriotes assassinés ainsi que la revalorisation des pensions pour les blessés. Pour ce faire, ils comptent entamer, dès ce lundi, un sit-in devant le Sénat. Un sit-in qu’ils disent maintenir ininterrompu jusqu’à gain de cause. Exactement comme l’ont fait les gardes communaux.

S. A. I.