En moins d’une semaine d’émeutes localisées sur une vingtaine de wilaya, en plus du bilan humain, des dégâts considérables ont été constatés tant sur les biens publics que sur les biens privés. Le bilan physique et financier n’est pas encore établi. Après le retour au calme, les victimes se tournent vers leur assureur lorsqu’elles sont assurées.
Il n’y a pas de culture de l’assurance en Algérie disent souvent les spécialistes du secteur. A part l’assurance automobile – parce qu’elle est obligatoire -, on n’arrive pas encore à se faire à l’idée de l’utilité économique et sociale d’une assurance. L’assurance sur les catastrophes naturelles (CAT-NAT) bien qu’obligatoire, depuis le séisme de Boumerdés en 2003, n’est pas contractée par la majorité des algériens qui y sont pourtant soumis.
Quid des dégâts enregistrés durant les dernières émeutes qui ont secoué une vingtaine de wilaya ? Selon les assureurs de la place d’Alger, il existe une assurance « actes de terrorisme et sabotage » et une assurance « émeutes et mouvements populaires ». Cette dernière fait l’objet du paiement d’une surprime dont le calcul dépend de plusieurs facteurs, dont le capital ou la valeur des équipements. Dans des conditions précises, elle couvre les dommages matériels d’incendie ou d’explosion « causés directement aux objets assurés, par des personnes prenant part à des émeutes ou mouvements populaires ».
Le risque « émeutes et mouvements populaires »
C’est de la catégorie « émeutes et mouvements populaires » que relèvent plusieurs dégâts notamment les incendies de locaux commerciaux et établissements publics, pour peu qu’ils soient assurés. Les grandes entreprises économiques publiques et privés, en général, veillent à ce que tous les risques soient couverts. Par contre, indique un assureur, toutes les PME ne le font pas. C’est ce qu’a constaté cet assureur privé à l’issue de visites sur le terrain ces jours-ci. Pour les locaux de production ou de commerces détruits par des incendies résultants des émeutes, lorsque les propriétaires et/ou leurs activités sont assurés pour ce risque, l’assureur prend le soin de contracter une réassurance pour être en mesure de rembourser. A quelle hauteur se situe le remboursement ? Rarement à 100%, nous dit-on. En général, cela se situe autour de 50%. La couverture de ce type de risques nécessite une solvabilité conséquente dont disposent les sociétés de réassurances.
On ignore, pour le moment, l’étendue de l’enveloppe financière que les réassureurs auront à dégager et ce qui sera à la charge du Trésor public. On s’attend à ce que le gouvernement fournisse, dans les prochains jours, une première estimation des dégâts notamment au niveau des édifices publics et entreprises publiques économiques. Du coté du secteur privé, le président du FCE, M.Hamiani estimait récemment que les dégâts étaient importants, citant à titre d’exemple, plusieurs magasins franchisés et la destruction d’une usine de soda.
L’évaluation par les compagnies d’assurance des dégâts causés par les récentes protestations sociales se poursuivra jusqu’à la fin de ce mois, a indiqué hier le président de l’Union algérienne des sociétés d’assureurs et de réassurances (UAR), Amara Latrous. « L’opération d’évaluation (par les assureurs) des dégâts s’est achevée pour certains sites mais elle se poursuit pour d’autres, il y a des bâtiments qui ont été incendiés et bien d’autres dégâts dont l’expertise prendra un peu de temps », a-t-il déclaré à l’APS, ajoutant « il faut attendre la fin du mois, voire le début février pour avoir un bilan complet ».