Des informations confirment que le chef terroriste algérien au sein d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, a bel et bien été tué lors de l’offensive de l’armée française et de l’armée tchadienne dans l’adrar de Tigharghar, au nord du Mali, fin février dernier.
La présidence française a communiqué sur cette question hier. «Le président de la République confirme de manière certaine la mort de Abdelhamid Abou Zeid, survenue lors des combats menés par l’armée française dans l’Adrar des Ifoghas, au nord du Mali, à la fin du mois de février», a fait savoir hier la présidence française dans un communiqué. «Cette disparition de l’un des principaux chefs d’Aqmi marque une étape importante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel», a précisé la même source. Selon le quotidien le Monde, la confirmation de l’identité du cadavre des Ifoghas, sur lequel les soldats français avaient effectué des prélèvements organiques, est venue d’Algérie il y a quatre jours. «Les autorités algériennes disposaient de fragments d’ADN familiaux qui ont permis à la demande de Paris, par recoupement, d’identifier formellement l’homme», a-t-il rapporté.
Pour rappel, le 1er mars dernier, c’est le président tchadien, Idriss Déby, qui a annoncé le premier la nouvelle de l’élimination d’Abou Zeid par les troupes tchadiennes. Le 12 mars, le ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian indiquait que la mort du terroriste était «probable». Dans l’attente de preuves formelles, l’information de sa mort a tardé, bien qu’elle ait été diffusée par la télévision algérienne Ennahar et par Le Monde, qui s’appuyait sur de sérieuses sources locales, jeudi 28 février. L’arme du terroriste avait été retrouvée sur les lieux des combats. L’identité de combattants éliminés dans la zone avait permis de renforcer la conviction des services de renseignement.
Un sanguinaire
Abdelhamid Abou Zeid, de son vrai nom Mohamed Ghdiri, est né il y a 46 ans à Touggourt (Ouargla), ou à Debdeb, selon d’autres sources. Il devient membre à 24 ans du comité local du Front Islamique du Salut (FIS) puis bascule dans le terrorisme fin 1991. Dès 1991 et jusqu’à la fin des années 90, il opère dans le maquis de l’est du pays. En 2003, lors du spectaculaire enlèvement de 32 touristes européens par ce qui était encore le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le grand sud algérien, Abou Zeid apparaît pour la première fois en tant qu’adjoint du chef des ravisseurs, Abderazak le Para, emprisonné actuellement.
En 2006, quand une brouille éclate entre Mokhtar Belmokhtar, l’un des principaux chefs du GSPC au Sahara, et le chef suprême de l’organisation, Abdelmalek Droukdel, Abou Zeid s’aligne sur la direction du mouvement. En juin 2009, le groupe d’Abou Zeid kidnappe le touriste anglais Edwin Dyer. C’est lui, persuadé que Londres se tiendrait à sa ligne consistant à ne pas négocier, qui aurait égorgé l’otage de sa main. Depuis, il était devenu un chef terroriste très influent dans le Sahara où il a étendu de manière spectaculaire son terrain d’action avec une grande mobilité, de l’avis de nombreux spécialistes du terrorisme au Sahel.
Cet émir d’Aqmi avait fait du massif montagneux des Ifoghas au Mali son sanctuaire, passant des alliances avec certaines tribus touarègues pour installer dans cette région isolée du Sahel sa base logistique, ses camps d’entraînement et ses nombreux otages. Plusieurs dizaines de combattants de sa katiba ont été tués ces dernières semaines dans les combats menés par les Français.
Khaled Haddag